L’Escoffier, un parfum de douce France

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Situé au coin des rues Saint-Denis et Duluth, en plein cœur de la « Petite France », le bistro-bar L’Escoffier doit son nom au patronyme du célèbre chef français du XXe siècle Auguste Escoffier, et surtout à son fameux livre de cuisine devenu la bible de tout chef qui se respecte outre-Atlantique. C’est avec ce guide culinaire que les jeunes étudiants sont initiés à la gastronomie dans la plupart des écoles d’hôtellerie françaises, et dans ses pages qu’ils vont trouver les définitions et accords pour une parfaite sauce béarnaise ou une bouillabaisse digne de ce nom.

Son petit Escoffier, le propriétaire du resto, Akim Zaïd, l’a d’ailleurs derrière le bar, toujours à portée de main. Akim vient du sud de la France et, s’il a immigré au Québec il y a une bonne trentaine d’années, il en a gardé un accent chantant prononcé, une sympathie franche et un amour pour la bonne bouffe de bistrot. Avec L’Escoffier, il veut d’ailleurs en retrouver l’ambiance chaleureuse et conviviale ainsi que la cuisine: des plats simples mais savoureux, avec de bons produits. « Ici, on s’pète pas les bretelles, tranche Akim. C’est avant tout un endroit où n’importe qui peut se sentir libre de venir manger un bout avec un bon verre de vin, tranquillou. »

« Ici, on mange pas du chlore! »

Au menu: escargots gratinés, soupe à l’oignon, bavette, confit de canard, foie de veau de lait… Rien de surprenant, c’est du classique de bistrot! Mais rien de décevant non plus. On relèvrea d’ailleurs la cuisson au chablis des escargots, vient agréablement relever la traditionnelle sauce à l’ail. Le jeudi, c’est couscous, et pas n’importe lequel. Il est fait par Fatiha, la femme d’Akim, dans les règles de l’art et selon la tradition de la Kabylie dont elle est originaire. La semoule du couscous est ainsi cuite trois fois. « Ici, on mange pas de la poudre ou du chlore! Tout ou presque est fait maison, avec des produits bio et du terroir, assure Akim. Les sauces sont faites à base de fond de veau, et bientôt on fera notre propre crème glacée pour les desserts… »

La salle est grande, avec sa centaine de couverts à l’intérieur, en plus de la terrasse qui peut accueillir une quarantaine de clients, pour ceux qui veulent profiter des dernières soirées d’été sur la rue Saint-Denis. Côté déco, on s’y retrouve bien. Carrelage noir et blanc, chaises en bois à l’intérieur et en paille tressée sur la terrasse, grande ardoise au mur et menu inscrit à la craie, banquettes moelleuses, bar central: voici le bistrot français comme si vous y étiez, avec le patron plein de bagou en prime. C’est qu’Akim discute volontiers avec les clients, et sort même des bouteilles hors de la carte des vins si vous êtes sympa.

Chemises blanches et tabliers noirs

Faisant entorse au bistrot français, mais en bon établissement montréalais, le resto ouvert depuis la mi-juillet propose un brunch les fins de semaine. Il offre également une (seule) option végétarienne au menu, qu’on a souvent du mal à trouver sur les cartes françaises. Et le resto sera désormais également ouvert pour le lunch en semaine. Un petit bémol à notre enthousiasme: la musique ambiante lounge, qui détonne dans le décor et qui conviendrait mieux à un bar branché… Pour balancer la tête en sirotant un cocktail coloré, pas en mangeant sa bavette rincée d’un ballon de rouge.

On oublie cependant ce point, bien rattrapé par un service impeccable, à la française. Peu ou pas d’interruption intempestive, une discrétion et une élégance soulignée par les chemises blanches et tabliers noirs des serveurs. Classique et efficace. Bref, le temps d’un repas, on s’est retrouvé emporté dans un coin d’une petite ville de France, dans un de ces bistrots authentiques et sans âge. Et finalement, qui de mieux qu’un Français pour recréer cette ambiance?

L’Escoffier
4007, rue Saint-Denis – Montréal
514 840-0707