LOV, le végétarien qui fait les choses bien
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LOV, le végétarien qui fait les choses bien

Local, organique et végé: ce sont les trois notions à l’origine du LOV, ce nouveau resto à deux pas du Square Victoria qui dit faire de la «cuisine botanique». On est allé tester…

Proposer une carte à 90% végane dans un resto plutôt haut de gamme, c’est osé. Car si les enseignes végétariennes et véganes sont de plus en plus nombreuses de nos jours, il s’agit surtout de comptoirs, de petits restos pour manger sur le pouce… LOV, niché dans un coquet bâtiment du Vieux-Montréal, est un endroit où l’on se rend pour un lunch plus fancy ou un souper qui va s’étirer sur plusieurs heures. On y retrouve un air de Crudessence, mais un niveau au-dessus dans le service ou la présentation.

Justement, Stéphanie Audet, qui a confectionné la carte, était la chef derrière les assiettes de Crudessence. Au menu du LOV, une cuisine avant tout santé: «Je veux servir aux clients des plats bons pour la santé, bons pour la planète, et bons au goût!», insiste Stéphanie. Spécialiste de la gastronomie végétale et de la cuisine consciente, la chef met en avant les aliments de saison. La plupart des produits utilisés sont bios et locaux, et bien sûr, végétariens voire végétaliens – c’est sans doute ce qui est entendu dans l’expression un peu hipster sur les bords de «cuisine botanique».

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On retrouve bien le côté végétal et locavore dans les six cocktails de la maison signés Romain Cavelier, l’ex mixologue du Mal nécessaire et de L’Gros Luxe – et champion de la compétition de mixologie Made With Love 2014. Des créations fidèles au style Cavelier: fraîches, avec des herbes, et à base de spiritueux produits par des petites maisons, comme la tequila Tromba Blanco, le gin Sauvage de CIRKA (dont il a lui-même mis au point la recette), ou encore le Mezcal Jaral de Berrio.

On accompagne le cocktail Pina Koala – un mocktail qui allie audacieusement lait de coco et eucalyptus, ananas et kombucha – de snacks. D’abord des croquettes de quinoa, avec une note de sucré-salé entre le fruit de jacquier, céleri-rave, cœur de palmier et salsa gingembre et ananas. On teste ensuite la poutine, surtout pour goûter au fauxmage fait maison; résultat pas mal réussi au niveau du goût, malgré la texture un peu farineuse (mais le fauxmage ne fera malheureusement jamais couic-couic, c’est un fait qu’il faut accepter). La sauce au miso est quant à elle une gravy végane tout à fait acceptable et savoureuse. Bien vu!

Biodynamie, gnocchi-pesto et risotto

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S’ensuivent les entrées. Chapeau (très) bas au carpaccio funghi, où la texture crue des avocats et des champignons est délicieusement relevée par l’huile de truffe. Le kale mac and cheese est à côté moins surprenant; si le fromage à la courge lie bien l’ensemble, le plat est un peu fade. Quant aux plats, la carte propose des choix variés, créatifs et goûteux. De quoi montrer à un carnivore obtus que non, un menu végane ne consiste pas à manger des graines et de la laitue.

Si certains plats proposent une imitation de smoked-meat avec une betterave fumée, ou de pétoncle avec un pleurote grillé, il est également possible d’avoir des options carnées sur demande – mais les clients qui veulent absolument un steak peuvent aussi aller manger dans un autre resto, à mon humble avis. Les plats sont présentés dans une jolie vaisselle grisée faite à la main, qui rappelle les assiettes sauvages du Mousso.

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Choix est fait pour les gnocchi de la casa, cuisinés à base de patates douces et sarrasin, pesto chanvre et basilic, roquette – on conseille de presser un peu le citron confit qui accompagne le plat pour ajouter quelques gouttes acidulées bienvenues sur le pesto. Coup de cœur aussi pour le risotto de pleurotes et haricots verts, avec un délicieux liant de fromage de cajou. Pour les plus petits appétits, un choix de salades est également proposé au menu.

Ouvert du lundi au samedi, le resto propose aussi des déjeuners, à base de granola, gruau, gaufres ou tartines sucrées et salées. Le midi, on peut opter pour un plat plus rapide: bol composé, sandwich, burger…

Ambiance californienne

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Pour accompagner tout ça d’un verre d’alcool, on retrouve des bières de quatre microbrasseries québécoises (Beau’s, la Microbrasserie du Lac Saint-Jean, Glutenberg et Avant-Garde), et une belle sélection vinicole d’une trentaine de bouteilles d’importation privée. Pour axer sa carte sur les vins issus de la biodynamie, LOV est allé chercher Steve Beauséjour, de l’agence Rézin, qui se spécialise en vins bios respectant l’agriculture responsable – c’est notamment lui qui s’occupe des vins de Chez Lavigne, le nouveau bar à vins très nature de Saint-Henri. Un petit bémol cependant: la sélection au verre est plutôt restreinte.

Côté déco, on est vraiment dans l’air du temps. Le design épurée et zen est signé Jean-Pierre Viau et Jacinthe Piotte, et se décline en tons vert pastel et blanc, fenêtres antiques, murs de briques apparentes, abat-jours en osier… Le tout rehaussé par quelques choix originaux, comme les toilettes éclairées à la chandelle (oui, ça paraît étrange de faire ses besoins dans la quasi-pénombre, mais les yeux s’habituent vite!). Le lavabo-vélo, les terrariums ou les motifs végétaux rappellent l’ambiance très côte ouest qu’on retrouve notamment au Venice.

Je me permets ici une remarque… Si le résultat est frais et relaxant, on dirait que la cuisine santé est toujours associée à un décor vert/blanc plein de plantes, ambiance été, smoothies et carottes crues. Dans le cas du LOV, où l’on va volontiers pour un souper en tête-à-tête et un moment cocon, un design moins froid, plus coloré et chaleureux aurait bien fait l’affaire… en étant plus original, comme le resto et son concept végane-raffiné. Ceci dit, l’endroit est superbe et réussi dans son genre. On en ressort étonné par la créativité de la cuisine et les saveurs, bien rassasié. Et on n’a même pas mangé de graines et de laitue!

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LOV
464, rue MGill – Montréal
lov.com