Tout ce boucan, c’est d’abord une histoire de famille. Celle de deux beaux-frères passionnés de barbecue qui se mettent au fumage de la viande, perfectionnant leur méthode grâce à plusieurs voyages dans le Sud des États-Unis. En 2010, ils ouvrent le premier Boucan sur la rue Notre-Dame, dans Saint-Henri.
Six ans plus tard, ça marche toujours, et ils lancent un deuxième établissement dans les locaux du feu M sur Masson : « Puisque nous voulions rester un restaurant de quartier, nous devions trouver un endroit résidentiel, chaleureux, avec du cachet. Promenade Masson est exactement ce que nous recherchions. Nous croyons avoir découvert une très belle communauté qui nous ressemble… »
Le designer Guillaume Ménard (Ateliers Mainor) a joliment travaillé l’endroit. L’atmosphère est plus élégante qu’à la succursale de la rue Notre-Dame, avec le beau plafond ouvragé, les larges miroirs sur les murs qui agrandissent l’espace, le long bar central et les petites veilleuses vintage qui tamisent l’éclairage. Mais sans se péter les bretelles pour autant.
Ici, c’est un smokehouse et on mange avec les doigts. Les classiques rock qui passent en fond sonore s’accordent bien avec les papiers bruns qui recouvrent les tables et le personnel décontracté et chaleureux. Il neige dehors mais un fumet de Louisiane sort des cuisines… Bienvenue dans le temple du barbecue et du bourbon.
Les cocktails sont classiques mais bien maîtrisés, comme ce Old Fashioned Boucan relevé d’un nuage d’érable fumé. On nous propose aussi quelques bières de microbrasseries et une très belle sélection de whiskys et bourbons. C’est un peu plus décevant côté vin – surtout qu’il est servi dans des verres à eau… Mais on ne vient pas au Boucan pour la cave à vins.
Sauces maison et parfaites cuissons
Sur la carte, on retrouve les mêmes plats que dans le resto de la rue Notre-Dame, mais les viandes sont fumées localement. Petit écart à la cuisine louisianaise, ici le chef fume ses produits au pommier ou à l’érable, et non au chêne ou au hickory. Une petite touche québécoise sur les côtes levées sauce cajun…
Au menu : les fameuses côtes levées donc, mais aussi du poulet BBQ, de la poutine au porc effiloché, des ailes de poulet, des burgers ou encore des crevettes à l’ail sauce cajun. Il y a aussi des salades, mais c’est comme pour le vin, on ne vient pas au Boucan pour ça. Toutes les portions sont larges et généreuses ; de quoi nourrir un vrai cowboy.
C’est simple mais bien fait, à l’image du poulet et de sa cuisson vraiment parfaite. Les sauces sont toutes concoctées sur place et agrémentent de façon gourmande les différentes viandes de touches sucrée, salée, relevée. Attention aux palais sensibles au piquant, car certains plats et sauces n’y vont pas de main morte. On va se laver les mains luisantes de gras avant de passer au dessert – pour ceux qui auront eu la sagesse de prendre la poutine en format entrée.
Là, on fond pour la tarte au babeurre sur une base de biscuit graham. Un serveur nous glisse au passage que le brownie au bacon vaut aussi le détour… mais on n’a plus un centimètre carré d’estomac disponible. « Le sirop d’érable qu’on utilise ici, c’est du bon, il est fait par ma famille! », indique fièrement le gérant. Ici, on n’a pas l’impression d’être dans la deuxième succursale d’une enseigne, mais dans un établissement indépendant avec sa propre ambiance.
On préfèrera sans doute la petite cour intérieure du resto de Saint-Henri à la terrasse qui ouvrira cet été sur la rue Masson, ajoutant 20 places à la cinquantaine à l’intérieur. Mais l’atmosphère de la salle du Vieux-Rosemont nous semble plus chaleureuse et intime. Si le Boucan de Notre-Dame ne nous avait pas convaincu, celui-ci nous réconcilie avec le barbecue. Et on clôt le repas avec un petit whisky, en agitant la tête sur le morceau rock qui joue en fond…
Le Boucan
2876, rue Masson – Montréal
514 903-8220
www.leboucan.com