425F : l'incontournable de la Rive-Nord
Restos / Bars

425F : l’incontournable de la Rive-Nord

On ne savait pas trop à quoi s’attendre en prenant la route ce soir-là pour Sainte-Thérèse. Mais tandis qu’on pestait dans le trafic pour quitter Montréal, on espérait quand même que ce resto en valait la peine. On arrive enfin devant le 425°F, un imposant bâtiment très lumineux, un peu en retrait derrière les A&W et autres arrêts de bord de route.

Le premier bon point, c’est qu’au moins le stationnement est facile ici. Mais les similitudes avec La Cage aux sports qui occupait auparavant l’endroit s’arrêtent ici. L’équipe du resto a en effet fait appel à Zébulon Perron pour revamper totalement l’espace. Plus besoin de présenter ce designer d’intérieur, qui a signé les plus belles décos de bars et resto, de l’Ibérica au Montréal Plaza. Ici encore, il a réussi son coup.

L’immense espace (plus de 10 000 pieds carrés tout de même) est séparé en plusieurs zones : bar, cellier, cuisine ouverte avec bar à huîtres, salle à manger, espace privé… On sent ainsi moins qu’on est dans un resto de 250 couverts – jusqu’à 400 en été avec la terrasse. L’immense plafond tuyauté est joliment agrémenté de luminaires dorés, qui avec les miroirs aux murs rendent l’espace très lumineux et élégant. Une élégance d’ailleurs rehaussée par la qualité du service, qui réussit l’équilibre entre professionnalisme sérieux et convivialité.

Aux cuisines du 425°F, on trouve Frédéric Dufort, jeune chef qui dirige aussi l’offre culinaire de Chez Lionel à Boucherville et qu’on a pu voir à l’émission Les Chefs en 2013 et 2014. Il a notamment travaillé au restaurant étoilé Benu, à San Francisco, sous la houlette du chef coréen Corey Lee. On retrouve d’ailleurs cette influence asiatique dans certains des plats de Frédéric Dufort, très influencé par cette expérience aux États-Unis.

En fait, chaque plat du chef a une histoire personnelle, une inspiration venue d’un souvenir, et c’est ce qu’on a beaucoup aimé au 425°F. On trouve par exemple au menu des aubergines frites à la coréenne, influencée par Corey Lee, mais aussi une délicieuse entrée de calmars frits inspirée par la Jamaïque, avec mayo aux épices de jerk, chutney d’ananas, cari, noix de cajou et chou rouge ; bref, ça vous pimp le calmar classique.

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Autre coup de cœur : le paleron de bœuf braisé, inspiré par les séjours récurrents de Frédéric Dufort au Mexique pour y visiter sa mère. La viande – fondante à souhait – s’accompagne d’une délicate purée de patates douces, d’une salsa de maïs et haricots noirs, de chimichurri et de chips de tortillas. Le chef décrit son style comme de la « new american cuisine », aux influences mondiales. À souligner, les présentations très soignées et travaillées des assiettes qui démontrent un beau savoir-faire.

On regrette cependant que certains plats se perdent dans un trop plein d’ingrédients, qui noit parfois les produits dans une pléthore de saveurs mêlées. C’est le cas par exemple de l’entrée de carpaccio, où le bœuf se perd dans la duxelles de champignons, le parmesan, l’oignon mariné… Un écart vite rattrapé quand on voit la quantité de choses faites maison ici, comme le beurre à la ciboulette – un régal, à garder loin de vous si vous voulez avoir de la place pour la suite du repas -, l’ail noir, le boudin…

La bonne surprise se poursuit jusqu’au dessert, avec des créations signées par l’ancienne pâtissière de la Cabane du Pied de Cochon. On goûte ici à une tarte au citron déconstruite surprenamment légère. La qualité est là, le souci du détail aussi (le thé de chez Camellia). On termine donc ainsi un excellent repas qui ravale les préjugés qu’on avait – il faut bien l’avouer – en arrivant.

L’expérience se poursuit ensuite dans le « garde-manger », où l’on peut acheter des produits sous vide préparés dans les cuisines du resto (à réchauffer à 425°F donc), des viandes vieillies, ou les vins d’importation privée proposés à la carte… Un petit comptoir gourmand qui mérite le détour pour repartir avec un fond de sauce ou un pot de confiture maison. Bref, cet établissement a tout pour devenir le rendez-vous de la Rive-Nord, et même la nouvelle adresse à découvrir pour les Montréalais – on n’est pas les seuls à le penser, puisque Zébulon Perron est finalement devenu l’un des actionnaires du resto…

425°F
100, place Fabien Drapeau – Sainte-Thérèse
450 951-9551
425f.ca