Sel et diesel : Bouffe, bitume et bourlingue
Engloutir un taco à Seattle, s’enfiler une bière avec son grilled-cheese à Winnipeg ou encore déguster un bol poké au thon frais face à l’océan… Evelyne Charuest et Corey Loranger, adeptes des camions de rue d’ici et d’ailleurs, ont parcouru le pays et plus encore pour aller à leur rencontre et écouter leurs histoires. Pour nous raconter tout ça, ils ont réalisé la deuxième saison de la série Sel et diesel diffusée sur UNIS TV.
Amatrice de bonne bouffe et de voyage, Evelyne Charuest a toujours été intriguée par les camions-restaurants qui s’installent à un coin de rue et proposent aux badauds des plats à manger sur le pouce. Il ne lui manquait qu’un compagnon de route pour se lancer dans la réalisation d’une série qui leur serait consacrée. L’animatrice embarque donc avec elle Corey Loranger, un ami qu’elle a rencontré à 18 ans. Une première saison de Sel et diesel sort sur les petits écrans en 2017. Devant ce succès, les deux compères décident de reprendre la route.
Pour cette deuxième saison, le binôme a décidé de se concentrer sur les villes de taille moyenne. Direction Coaticook, Niagara-on-the-Lake, Charlottetown, Winnipeg, Calgary ou encore Saskatoon pour découvrir les réalités des camions-restaurants de chaque région. «Dans cette saison, on parcourt encore plus de kilomètres, dans des régions encore plus éloignées», détaille Evelyne. De ses péripéties gourmandes, l’animatrice retient que la réalité des food trucks diffère énormément selon la géographie, la météo et la réglementation municipale. Certaines villes sont ainsi plus propices que d’autres au développement de ces restaurants mobiles sur quatre roues.
«À Québec, par exemple, ça a été un fiasco total. Les camions-restaurants estiment que la Ville a très mal géré leur implantation. À Montréal, les affaires sont bonnes, surtout lors de festivals. À Charlottetown, c’est carrément impossible de développer la bouffe de rue: un groupe possède une grande partie des restaurants de la ville et s’oppose fermement aux camions-restaurants», explique Evelyne. Et tandis que le climat permet aux camions-restaurants de Vancouver de rester ouverts à l’année, ceux de Whitehorse doivent tout donner en quelques semaines seulement…
Ses voyages ont aussi été marqués par de nombreux coups de cœur, comme ce camion-restaurant de Winnipeg, le Red Ember: «Le propriétaire s’est lancé le pari de faire des pizzas au feu de bois et d’installer ça dans son camion.» Pari réussi, et sur deux étages même. «En plus, c’est vitré, alors tu peux voir ta pizza cuire et elle est excellente», ajoute l’animatrice. Le thon frais de Portland ou encore le folklorique Geko bus font aussi partie des souvenirs dont Evelyne a encore le goût sur le bout des papilles.
Au Québec, une croissance tranquille mais régulière
L’épisode qui sera présenté le 22 avril s’intéresse tout particulièrement au phénomène des camions-restaurants au Québec. On sait qu’à Montréal, après quelques années d’expérience, la formule n’est pas encore tout à fait au point. On annonçait d’ailleurs récemment que les sites quotidiens réservés dans les arrondissements seraient abandonnés et que les camions existants devraient plutôt se rabattre sur les événements. Toutefois, ailleurs au pays, certains restaurateurs se lancent dans l’aventure. Evelyne et Corey partent ainsi à la rencontre de quelques pionniers sur les routes du Québec, comme La caravane de Seb à Mont-Tremblant, Les deux caribous à Sherbrooke, Les boucaniers en cavale à Coaticook et La choppe à Lac-Brome afin de mieux comprendre leur modèle d’affaire et, aussi, leur menu!
Ces périples sur les routes de la privince nous donnent l’occasion de faire le point avec Gaëlle Cerf, Vice-présidente de l’Association des restaurateurs de rue du Québec sur l’état de cette nouvelle insdustrie au Québec. Après une forte effervescences, sans doute causée par l’enthousiasme de la nouveauté, la croissance serait dérsormais tranquille mais régulière. «Au début, en 2010, 2011, 2012, il y a eu beaucoup de camions montés par des gens qui croyaient que c’était l’El Dorado, explique-t-elle, et ils ont fermé aprés. Ils ont fait faillite. Et là, on voit de moins en moins de faillite. Donc c’est un bon signe.»
Cette stabilisation du marché devra toutefois s’accompagner d’un effort des municipalités pour assurer un cadre d’opérations viable et d’un travail créatif des restaurateurs qui pourra distinguer les camions-restaurants du traditionnel shack à patates, en misant par exemple sur les produits locaux et artisanals, «Parce que c’est vers là qu’elle s’en va, la gastronomie.»
Des entrepreneurs multifonctions
Les thèmes à aborder n’ont pas manqué pour cette nouvelle saison. Treize épisodes seront diffusés, durant lesquels on pourra voir Evelyne et Corey apprendre à cuisiner quelques mets tout en évoquant les sujets qui touchent l’industrie. «Nous parlons de la compétition féroce que se livrent les food trucks, de la place des femmes dans ce milieu, de la propreté dans ces espaces restreints ou encore de la réalité des territoires éloignés. Nous sommes allés à Whitehorse par exemple; la saison là-bas est vraiment très courte. Elle venait de commencer et il y avait encore de la neige par endroit. Les défis sont nombreux pour ces entrepreneurs, rien qu’en ce qui concerne l’approvisionnement», explique l’animatrice.
Les deux compères ont aussi une nouvelle fois franchi la frontière pour aller à Portland et Detroit. «On ne voulait pas faire une ville américaine que tout le monde avait déjà vue des dizaines de fois à la télé. On a donc évité New York, Boston, etc.», raconte l’animatrice, qui évoque le choc culturel à la découverte de Detroit, une ville fantôme par endroit et qui porte encore les stigmates de la faillite de 2013. «Mais il y a une vraie fierté chez ces entrepreneurs, qui voient dans les camions-restaurants un moyen de se réapproprier leurs rues.»
D’ailleurs, Evelyne ne cache pas son admiration pour ces restaurateurs qui se lancent dans une telle aventure, d’autant plus que, contrairement aux idées reçues, lancer son propre camion de bouffe a un coût qui n’est pas négligeable. Ingéniosité, débrouillardise et volontarisme marquent la personnalité de tous les food truckers qu’Evelyne et Corey ont rencontrés. «Ils doivent s’adapter à des espaces restreints, être ingénieux, bricoleurs… Ils sont à la fois mécanos, chefs, responsables des contenus sur les médias sociaux», énumère l’animatrice avec admiration.
Pourtant, ces restos mobiles n’ont pas toujours bonne presse, notamment auprès des restaurateurs qui les voient souvent comme des concurrents directs. Ce que nuance Evelyne: «L’expérience n’est pas la même. Lorsque les gens vont au restaurant, c’est pour s’asseoir, être servis à table. La cuisine de rue, on la mange plutôt sur le pouce, debout et à l’extérieur». Si l’animatrice ne pense pas qu’il y aura une troisième saison de Sel et diesel, elle rêve tout de même de partir faire une série en Asie. «Là-bas, la cuisine de rue c’est vraiment quelque chose!»
L’émission Sel et diesel est diffusée le lundi à 20h00 sur UNIS TV
La chaîne est incluse dans le forfait télé de base de tous les télédistributeurs
Les épisodes diffusés sont disponibles sur unis.ca