Fricot : un souper en Acadie
Deux amis originaires du Nouveau-Brunswick viennent d’ouvrir dans la Petite Bourgogne
un resto qui fait honneur à la cuisine des maritimes.
Un intérieur bleu et blanc décoré de balises de navigation, «Fricot» écrit au mur avec du cordage de bateau: ici, ça fleure bon l’air du large. Dans ce resto à l’ambiance de crab shack, ouvert début avril, on célèbre les fruits de mer et les traditions culinaires acadiennes. C’est le restaurateur Simon Dunn (de la Drinkerie Sainte-Cunégonde), originaire du Nouveau-Brunswick, qui a eu l’idée de ce projet, un concept pas encore exploité à Montréal. Il fait alors appel à son ami et compatriote Alain Gauvin, à l’époque à l’emploi chez à l’Oregon, un restaurant à vin de Laval.
«La nourriture acadienne classique n’est pas particulièrement connue ou considérée par le reste du Québec, indique Simon. Pourtant elle est excellente et il y a beaucoup de fruits de mer de saison, mais c’est aussi beaucoup de nourriture vraiment de base: beaucoup de pommes de terre, de choses frites. On a voulu prendre ces racines-là et les travailler de façon créative pour que ce soit plus attrayant, avec des ingrédients frais.»
Des ingrédients provenant du terroir québécois, comme les homards de Gaspésie, pour mettre en valeur ces recettes classiques, et influencées notamment par la tendance du finger food. On trouve au menu 4 sortes de guédilles, du poulet frit («ça, t’en manges beaucoup en Acadie», souligne le chef), des lobster rolls, du gravlax (avec gaufre, yogourt, poireaux grillés), des plats saisonniers à l’ardoise, et bien sûr du fricot, une soupe traditionnelle acadienne à base de poulet, de pâtes et de pommes de terre. «Ma grand-mère m’a donné son petit livre de recettes», confie Alain.
Il y a aussi des plats revisités, comme la poutine râpée: «Au Québec, appeler quelque chose « poutine » alors qu’il y a pas de fromage, on s’est dit que c’était trop risqué!» raconte le chef. Il l’a donc retravaillée avec du fromage en grains, du parmesan dans les pommes de terre et de la sauce gravy. La tradition culinaire compte beaucoup de pâtisseries aussi, mais qui restent simples, à l’image des pets de sœurs.
Vous hésitez sur le plat? Il est aussi possible de commander un «menu festif» pour un prix unique par personne, composé de plats à partager choisis par le chef. Un bon moyen de découvrir des plats quand on ne connaît pas bien la cuisine acadienne. «Les clients sont très intéressés et curieux de savoir ce que c’est, raconte Alain. Mais les cuisines acadienne et québécoise se ressemblent beaucoup: c’est de la bouffe réconfortante, c’est ce que ta grand-mère te faisait quand t’étais jeune…» Bref, pas très régime-friendly.
Dans le resto d’une cinquantaine de places, le volume sonore monte vite, l’ambiance est à la fête. On accompagne son fricot (qui signifie aussi «festin» en vieux français du 18e) d’un des vins à la carte, qui met le Canada à l’honneur – on y trouve aussi de la bière Lager Alpine, classique du Nouveau-Brunswick. «C’est de la cuisine des maritimes, mais très revisitée», conclut notre voisine de table, qui a habité en Acadie. Une cuisine en tout cas sans prétention, sinon celle d’être réconfortante.
Le Fricot
2661, rue Notre-Dame Ouest – Montréal