Le Rose-Marie, un peu de douceur dans Centre-Sud
Dans ce no-man’s land des restos, il y avait Le Petit Bistro au coin des rues Fullum et de Maisonneuve, un établissement français très classique. Le mois dernier, une équipe de jeunes restaurateurs a investi le local pour y offrir une gourmande cuisine italienne dans un décor revampé.
Le mobilier a pris des allures vintage et plus douces, avec canapés rose pastel, plantes nombreuses, espace lounge… D’où Rose-Marie, un nom féminin qui vient trancher avec l’ancien Petit Bistro, fait un clin d’œil au prénom de la copropriétaire (Marie-Michèle) et rappelle le brin de romarin qui orne l’enseigne et la verrerie. Un cocon rose et doux en cet hiver précoce (mais on garde un œil d’ici l’été sur la vaste terrasse).
La déco, c’est du DIY des copropriétaires et de leurs familles : les motifs sur les murs ont été dessinés par une tante, les photos encadrées sont celles d’un ami… C’est que s’il faut de l’audace pour ouvrir son resto à Montréal, les copropriétaires ont la tête sur les épaules et surveillent le budget. On aime l’atmosphère qui en découle, dans un endroit très personnalisé et à l’image du trio de jeunes trentenaires qui en est à l’origine.
Marie-Michèle Fecteau (Maison Boulud, Toqué!, Accords), Julien Roy-Sinclair (Chez Sophie, Moleskine) et Julien Comtois (Sinclair, Mount Stephen, Auberge Saint-Gabriel), un couple et un ami de longue date, se connaissent bien pour avoir déjà travaillé ensemble dans quelques établissements, d’où ils ont tiré une solide expérience.
Rose-Marie, c’est aussi pour la fraîcheur. Celle de ce projet mené par ces jeunes nouveaux entrepreneurs, celle aussi du menu et de sa cuisine italienne à base de produits locaux. « Tout est fait ici, sauf le pain », annonce d’emblée Julien Roy-Sinclair en nous servant ses délicieux cocktails signature à base de sirops maison. L’été, l’équipe prévoit d’ailleurs de faire pousser ses plantes et fines herbes sur la terrasse. Le menu se compose de quatre sections (amuses bouches, petits plats, plats et desserts), et on commence avec quelques bouchées façon aperitivo : tartines de mousse de foie de volaille et ricotta au miel. De quoi accompagner dignement un verre en 5à7.
En cuisine, c’est Michael Lemme qui œuvre (il est passé notamment par Sel Gras et la Salle à manger). Sa famille étant originaire des Abruzzes et de Calabre, ses plats s’inspirent librement des recettes de sa mère et de ses grands-mères italiennes. « On voulait proposer de la vraie cuisine italienne, pas la version américanisée qu’on trouve dans beaucoup de restos », explique Julien Roy-Sinclair, qui a rencontré le chef au Moleskine.
À goûter absolument : un des plats de pâtes faites maison, comme les gnocchis de ricotta avec beurre blanc à la sauge. Les petits plats laissent toute la place aux produits, à l’image du crudo de thon accompagné d’une gourmande olivata. La majorité des produits viennent du Québec, à part quelques exceptions comme la burrata qui accompagne le plat de betteraves et cresson – c’est un resto italien après tout.
Si Marie-Michèle, formée dans des restos chics, veut mettre en place un service digne des grandes maisons, l’ambiance reste décontractée, l’équipe chaleureuse et les prix abordables. Les formats à partager des assiettes permettent aussi de se créer un menu sur-mesure selon l’appétit ou le budget. Les plats sont simples mais bien travaillés, à l’image de la cuisine familiale italienne. Le menu devrait cependant être amené à se complexifier un peu au fur et à mesure que l’équipe en cuisine se rode et s’étoffe…
En attendant, on l’aime bien comme ça cette cuisine, la simplicité a parfois du bon. Si l’endroit est surtout un resto de quartier, ses plats valent donc le déplacement, surtout si on a envie d’un bon plat de pâtes authentique, simplement bon. Bref, une belle adresse à découvrir dans ce quartier définitivement sous-représenté en matière de resto!
Le Rose-Marie
1550, rue Fullum – Montréal
www.lerosemarie.com