Je ne suis pas tout seul à avoir vu Fahrenheit 9/11, de Michael Moore. Un lecteur, Charles-Stéphane Roy, l'a aussi visionné.
Voici un extrait du texte qu'il m'a envoyé. (Je crois qu'il aimerait le texte de Christopher Hitchens, celui-là…)
«Je sors tout juste de la projection de Farenheit 9/11, le plus récent brûlot de Michael Moore, ce Oliver Stone du Midwest, et je suis toujours estomaqué par les applaudissements réservés à ce soi-disant documentaire. Le bedonnant réalisateur y dénonce les demi vérités, l'hypocrisie et les contradictions de toute l'administration Bush, grand larron devant l'éternel, en abusant… de demi vérités, d'hypocrisie et de contradictions.
Entre propagande et contre-propagande, nous avons affaire à deux démagogues (MM et GWB) d'une rare symétrie, ying et yang de la fausse expertise et des discours creux (…).
Durant le film de Moore, on commence par rire, puis un peu plus jaune et enfin plus du tout devant cette démonstration à la fois pacifiste et va-t-en-guerre, au montage forcément douteux (phrases tronquées, emphases sur des pré-entrevues hors-propos et autres blagues de collégiens) et à la petite semaine. (…)
À côté, Jean-René Dufort passerait pour Fernand Seguin (…).
Quand un prétendu cinéaste cite Orwell pour dénoncer la manipulation du discours politique au terme d'un exercice d'une aussi gratuite subjectivité, il y a lieu de croire que le laxisme et la mauvaise foi, eux, sont d'une démocratie à toute épreuve.
Et si Moore est devenu si populaire, c'est surtout à cause du même cynisme ambiant et du manque de culture politique qui ont porté au pouvoir les W. Bush et Charest de ce monde. Mais avions-nous réellement besoin d'un autre bouffon pour les dénoncer? (…)
Comme Bush, Moore va engendrer d'autres réalisateurs qui enflammeront la pellicule de discours creux, de technique défaillante et d'humour gras (bonjour Morgan «Supersize» Spurlock). Car, qu'on le veuille ou non, décerner une Palme d'or à Michael Moore engendre autant de dommages collatéraux que porter au pouvoir un Georges W. Bush.
Signé: Charles-Stéphane Roy.»