Vous savez quel est le secret le mieux gardé du monde journalistique? Plusieurs journalistes ont des petits «sidelines» qui ne respectent pas du tout les règles de base de leur profession. Un reporter qui possède sa propre boîte de relations publiques, par exemple, ou un chroniqueur qui rédige des discours pour un leader politique ou un groupe de pression. Bref, tous ces journalistes qui sont assis à cheval sur la clôture, un pied dans la profession, et un pied dehors.
Jean-Hugues Roy, directeur du magazine Le 30 (le mensuel de la FPJQ, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec), a voulu publier un texte portant sur ce sujet tabou. Or, dans son dernier édito, il affirme qu'il a eu toutes les misères du monde à trouver un journaliste, UN SEUL, qui soit prêt à dénoncer «ce mélange des genres». Aucun journaliste voulait dénoncer un confrère…
«Des cinq personnes pressenties pour ce texte, personne n'a osé (faire ce reportage), écrit Jean-Hugues Roy. L'une d'elles a dit qu'elle ne voulait pas faire de chasse aux sorcières. C'est drôle comme on n'hésite pas une seconde à exposer des pratiques douteuses chez les élus, les professionnels, les gens d'affaires et autres personnes exerçant des métiers publics. Mais chez les journalistes… Hmmm!»
Bref, un texte éclairant… et courageux.
En passant, je connais Jean-Hugues Roy; nous avons travaillé ensemble à Voir. J'ai même croisé le fer avec lui à quelques reprises. S'il y a quelqu'un qui est taillé sur mesure pour diriger Le 30, c'est bien lui. Idéaliste, droit, têtu comme une mule. Il est né pour occuper ce poste!
P.S.: dans le même numéro du 30, disponible en kiosque, Pierre Donais nous raconte l'histoire d'un lecteur de nouvelles de TQS Outaouais qui dirige une firme de relations publiques. Le jour, ce «journaliste» écrit un communiqué de presse pour Machin Truc, et le soir, il interviewe Macin Truc à son bulletin de nouvelles.
C'est ce qu'on appelle manger à tous les râteliers…
À cheval sur la clôture
Richard Martineau