Mon texte sur la publicité de la Echo hatchback (dans laquelle un jeune homme se fait bouffer par une bête mystérieuse dormant dans le coffre-arrière d'une auto) m'a valu plusieurs courriels passionnés. Beaucoup d'Internautes se demandent si ce spot publicitaire a été conçu par des hommes ou par des femmes.
Franchement, je l'ignore. Mais entre vous et moi, la question est stérile. Au cours des années, j'ai assisté à de nombreux panels traitant de la conception publicitaire. S'il y a quelque chose que j'ai retiré de ces discussions, c'est que les publicitaires (hommes ou femmes) ont bien appris leur leçon. Ils savent que s'ils accouchent d'un concept susceptible d'être perçu comme anti-femme, leur pub sera dénoncée sur la place publique et vouée aux gémonies. Alors ils s'autocensurent. Ils se moquent des gars, c'est plus sûr, moins risqué. Plus acceptable politiquement.
Dans le milieu de la pub, on appelle ça le syndrome de l'homme-cornichon. Le gars idiot, imbécile, pas trop futé, qui a de la difficulté à marcher et à mâcher de la gomme en même temps. Comme on en voit dans 80 % de la pub québécoise.
Alors, la question à savoir si ce sont des hommes ou des femmes qui ont conçu la pub de la Echo hatchback n'est pas pertinente. Quel que soit leur sexe, les concepteurs publicitaires ne font que répondre à un conditionnement social. Après tout, leur rôle est de vendre un produit. Ils savent que si leur pub fait trop de vagues, leur produit risque de boire la tasse. Alors ils font les modifications nécessaires pour plaire à tout le monde.
Ils montrent un gars se faire manger par un monstre, au lieu de montrer une fille se faire manger par un monstre…
L’homme-cornichon
Richard Martineau