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Moore malhonnête?

Avez-vous acheté la plus récente édition du magazine américain Entertainment Weekly? On peut y lire une entrevue passionnante avec (oui, oui, je sais, encore lui) Michael Moore.
En lisant cette entrevue, j'ai été pris d'un petit malaise. En effet, le journaliste d'EW demande au réalisateur de Fahrenheit 9/11 comment il a trouvé Lila Lipscomb, la flamboyante résidente de Flint, qui a perdu son fils en Irak.
«Je ne la connaissais pas, répond Moore. Je cherchais des résidents de Flint qui avait perdu un proche en Irak, et je suis tombé sur elle.
– Donc, la première fois que vous avez rencontré madame Lipscomb, son fils avait déjà perdu la vie dans l'écrasement d'un hélicoptère? demande le journaliste.
– Oui, oui, c'est ça», répond Moore.
Vous avez bien lu.
Michael Moore a monté son documentaire de façon à ce que l'on croit que Lila Lipscomb a perdu son fils EN COURS DE TOURNAGE. Or, c'est faux. Elle avait DÉJÀ perdu son fils quand il a commencé à la filmer. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Moore lui-même.
Donc, quand on voit Lila Lipscomb planter un drapeau américain aux abords de sa fenêtre (comme elle le faisait du temps que son fils était vivant), ou quand on l'entend parler fièrement de ses deux enfants militaires, c'est ni plus ni moins qu'une reconstitution! Comme lorsqu'elle dit qu'elle est CONTRE les manifestants anti-guerre.
Tout ce qui se passe AVANT la mort de son fils est reconstitué, en fait.
Ce n'est pas un mensonge, je vous l'accorde. Moore n'a rien inventé, le fils de Lila Lipscomb est bel et bien mort au combat. Mais c'est d'une malhonnêteté intellectuelle crasse, non?
J'aimerais savoir ce qu'Anne-Marie Dussault, présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, pense de ça… Selon elle, Moore respecte-t-il les règles d'éthique du journalisme?