BloguesRichard Martineau

En direct de Punkland

Je vous écris de Québec qui, grâce au spectacle qu'a présenté le groupe-culte Bérurier Noir hier soir, est devenue la capitale mondiale des punks. Il y a plus de punks ici qu'à Berlin dans les années 70, c'est vous dire.
Ils me font rire, les punks. Ça se veut anti-conformiste, et c'est d'un conformisme désolant. Ils ont tous leur t-shirt punk achetés dans une boutique de t-shirts punks, leurs accessoires punks achetés dans une boutique d'accessoires punks, leurs cheveux punks soigneusement hérissés par des coiffeurs punks, leurs bottes punks, leurs chiens punks. Tous le même uniforme, le même look, la même attitude frelatée, les mêmes slogans creux sortis d'un vieux 33 tours en vinyle. Plus mode, tu meurs.
Ça crie à l'individualisme, mais ça s'habille pareil, chaque petit détail est étudié, chaque petit trou dans le chandail, chaque petite épingle dans le nez, ils sont comme les minettes qui s'achètent le dernier numéro de Clin d'oeil pour savoir comment s'habiller, excepté que ce n'est pas le dernier numéro de Clin d'oeil qu'ils achètent mais le dernier numéro d'une revue punk qui parle des punks avec des photos punks de punk stars.
Ça crie à la révolution, mais dans le fond, ça marche dans le rang, tous du même pas, avec la même marque de bottes, le même maquillage coulant et le même squee-jee.
Tenez, parlant de squee-jee: si j'ai un dollar à donner à un mendiant, je vais le donner à quelqu'un qui en a vraiment besoin, quelqu'un qui vit dans la rue parce qu'il n'a pas le choix, pas à un jeune de 18 ans en parfaite santé qui tend la main pour avoir l'air cool. La misère comme fashion statement, je trouve ça – comment dire? – un peu trop bourgeois à mon goût.