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CHOI: est-ce vraiment de la censure?

Steve Proulx, un confrère de Voir, m'a écrit à propos de la mort annoncée de CHOI.
«Est-ce de la censure? demande-t-il. Pas sûr. Certains croient que oui. Mais d'autres pensent au contraire que le CRTC a fait son travail, étant donné que les ondes relèvent du domaine public, que CHOI avait un contrat avec le CRTC et que ce contrat n'a pas été respecté.»
Effectivement, pouvoir utiliser les ondes publiques n'est pas un droit, dans notre société, mais un privilège. On accorde ce privilège à un entrepreneur à la condition que celui-ci s'engage à respecter certaines règles pré-établies. Or, dans le cas de CHOI, non seulement ces règles n'ont pas été respectées, mais elles ont été bafouées à plusieurs reprises même quand le CRTC donnait des avertissements sérieux aux patrons de la station. Pas étonnant, donc, que le CRTC ait décidé de tirer la plogue!
Ce point de vue est celui de Josée Boileau, qui, dans Le Devoir d'aujourd'hui, signe un excellent éditorial sur le sujet:

«Les ondes ne sont la propriété de personne, écrit l'éditorialiste. Elles sont cédées pour une période donnée, à certaines conditions, en échange de cet immense privilège de jouir d'un canal d'expression que le quidam n'a pas.
Dans la liste des exigences, on trouve notamment celle consistant à ne pas diffuser des propos offensants qui exposeraient des gens à la haine ou au mépris en raison des critères habituels de nos chartes des droits: race, sexe, couleur, religion, etc. (…)
CHOI avait déjà été blâmé pour ces raisons en 2002, n'obtenant de ce fait qu'un renouvellement de deux ans de son permis, avec l'obligation de rectifier le tir. Or, le CRTC constate que la situation n'a pas changé. (…) Le CRTC se devait donc d'agir. (…)
Certains voient là un contrôle du bon goût. L'affaire n'a rien à voir avec l'esthétique ou la morale, mais tout avec un minimum de responsabilité sociale qui vient avec la rareté des ondes.»

Pour Patrick Demers, président de Genex, l'entreprise qui possède CHOI-FM, la décision du CRTC est la preuve que «le débat d'idées n'a plus de place dans notre société». Quel débat d'idées? Lorsque Jean-Louis Millette est mort subitement, la comédienne Andrée Lachapelle a lu un texte émouvant à l'église, afin de rendre hommage à son ami disparu. Fillion a diffusé cette bande en ondes, entrecoupée de… bruits de pets!
Il est où, le débat d'idée, là-dedans, monsieur Demers?