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Mort d’un criminel de guerre

L'un des plus grands criminels de guerre de l'Histoire est mort vendredi à l'âge de 84 ans. Son nom: Charles Sweeney. C'était lui qui pilotait le bombardier qui a largué une bombe atomique sur la ville de Nagasaki, au Japon, le 9 août 1945. Résultat: 70 000 morts.
En un instant, la bombe a libéré l'énergie correspondant à 20 000 tonnes de TNT. La plupart des personnes qui ont été tuées étaient des femmes, des enfants et des nouveaux-nés. La majorité des hommes étaient partis pour le front et ne se trouvaient pas dans ville. Plusieurs de ceux qui ont survécu au bombardement ont souffert ensuite pour longtemps des effets de la radiation.
Bien sûr, on pourrait dire que Sweeney (qui avait 25 ans à l'époque) n'est pas à proprement parler un criminel de guerre, qu'il ne faisait qu'obéir aux ordres de ses supérieurs comme tout bon soldat. Mais n'est-ce pas ce que disaient justement les exterminateurs nazis lors du procès de Nuremberg: «Nous ne sommes pas responsables, nous ne faisions qu'obéir aux ordres»?
La Convention de Genève interdit aux soldats de tuer des civils. Or, les explosions nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki ont tué des dizaines de milliers de civils. Il ne s'agissait pas d'une erreur stratégique, mais d'un acte délibéré, planifié et froidement organisé.
On a dit que ces attaques étaient nécessaires pour mettre fin à une guerre interminable. Mais en 1946, une enquête sur les bombardements stratégiques effectués par les États-Unis a conclu que «le Japon se serait rendu même si les bombes atomiques n'avaient pas été lâchées».
Autre petit fait intéressant: lorsque le bombardement nucléaire de Hiroshima fut rendu public, le général Leslie Groves, alors directeur militaire du projet Manhattan ayant pour mission de planifier et de produire la bombe nucléaire, s'empressa de rassurer les membres du Congrès en leur disant que les radiations ne provoquaient «aucune souffrance excessive» et que, «à ce qu'on dit, c'est une manière très agréable de mourir».