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y a-t-il une limite à la liberté d’expression?

Le débat sur la liberté d'expression lancé par l'Affaire Dieudonné et l'Affaire Fillion continue de faire des vagues et de susciter maintes réactions. Voici un message que m'a envoyé une Internaute, Rosalie Dion.
«Lorsque j'étais au Cégep, notre professeur d'histoire nous a raconté l'anecdote suivante. Lors d'un examen de baccalauréat, l'épreuve d'histoire consistait en une dissertation sur la seconde guerre mondiale. Un étudiant avait alors écrit: «L'objectif de Hitler était d'exterminer onze millions de juifs; il n'a – malheureusement – pas réussi à atteindre ce chiffre.» À cause de ce «malheureusement», l'étudiant s'est vu attribué un zéro pointé pour sa dissertation.
J'étais outrée. J'ai écrit un article dans le journal de l'école, dénonçant ce qui m'apparaissait comme de la «censure. Loin d'avaliser les propos de cet étudiant désaxé, je m'en prenais au fait que si cette fameuse dissertation répondait aux exigences académiques, si l'étudiant avait prouvé qu'il connaissait sa matière et son sujet, le rôle des enseignants était de reconnaître ces connaissances et non de le noter sur ses positions idéologiques. Je criais censure et discrimination; la liberté d'expression, disais-je, consistait justement à accepter le fait que certains aient des idées qui nous paraissent inconcevables et à ne prendre aucune mesure pour le bâillonner ou le discriminer, aussi difficile que cela soit. Toutes les idées ont leur place dans la démocratie. Je me suis mis à dos bon nombre d'étudiants et de professeurs; j'ai eu droit à une longue tirade de mon professeur d'histoire, devant toute la classe, mais j'ai tenu mon point.
Depuis, je le regrette. La liberté d'expression n'est pas une fin en soi; la démocratie est une chose extrêmement fragile qui doit être défendue. Comme tous les régimes politiques, elle implique des valeurs et des normes qui doivent être respectés et sans lesquels tout s'écroule.
Le cas de cet étudiant me trotte dans la tête depuis quatre ans, et, pour moi, il n'est toujours pas réglé. Mais j'ai réalisé que, parfois, il était nécessaire de faire certaines entorses à la liberté pour justement la protéger. «La liberté des uns se terminent la où commence celle des autres.» La liberté de culte se termine là où commence celle des femmes. La liberté d'expression s'arrête là où commence le droit des peuples à exister. Sans ce principe de base, je crois que la démocratie n'est pas possible.»