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Antisémitisme versus antisionisme

Peut-on critiquer Israël sans passer pour un antisémite? C'est la question – délicate – que pose l'humoriste français Dieudonné dans son spectacle Mes excuses. Les Internautes intéressés par cette question devrait lire L'Industrie de l'Holocauste: réflexions sur l'exploitation de la souffrance des juifs, un brûlot paru aux éditions La Fabrique en 2001. L'auteur, Norman G. Finkelstein, lui-même juif, croit que plusieurs porte-parole de la communauté juive utilisent le spectre de l'Holocauste pour faire taire toute critique.
«Il est évident qu'en évoquant la persécution historique, on détourne les critiques portant sur le temps présent», écrit-il. Plus on parle de l'Holocauste, moins on parle des territoires occupés…
Finkelstein cite aussi un autre auteur israélien, Boas Evron, qui, dans l'un de ses ouvrages, affirme que «la conscience de l'Holocauste est un instrument de la propagande officielle dont le but n'est nullement la compréhension du passé mais bien la manipulation du présent».
La postface de l'édition française de ce pamphlet fut rédigée par Rony Bruman. Or, le 3 octobre 2003, l'hebdomadaire Le Point publia un face à face fascinant entre Bruman et Alain Finkielkraut, le célèbre philosophe, qui accuse le livre de Finkelstein d'antisémitisme. Je vous recommande fortement la lecture de ce texte éclairant et passionnant.
Je vous laisse sur une phrase hallucinante qu'Elie Wiesel a prononcée à Kansas City en 1970: «Il y a un État, et il est différent de tous les autres. Il est juif, et pour cela, il est plus humain que n'importe quel autre.»