Mon texte sur l'alcoolisme de Serge Reggiani (Il n'y a rien de drôle à voir un bateau couler, 26 juillet) m'a valu cette réaction d'une Internaute, Catherine Voyer-Léger:
«J'ai été très touchée par votre note sur l'alcoolisme de Reggiani. Il est vrai qu'il existe une langue de bois concernant l'alcool dès qu'on fait référence à des personnages publics. Comme si leur alcoolisme ne relevait que de l'exubérance et n'avait rien à voir avec l'alcoolisme des petites gens qui souffrent.
Je me suis demandée récemment jusqu'à quel point nous vivons dans une 'société alcoolique'. Je ne veux pas dire par là que nous sommes tous alcooliques, ou que de boire est nécessairement un problème. Je réalise seulement que notre société ne peut pas se passer de l'alcool. Ayant été récemment obligée d'arrêter toute consommation d'alcool pour des raisons médicales, je me suis retrouvée face à une situation paradoxale. J'étais soulagée parce que je réalisais que je n'ai jamais bu par 'goût gastronomique'. Mais j'étais surtout profondément désolée de voir que ma vie sociale fondait comme peau de chagrin. Je ne savais plus quoi apporter quand on m'invitait chez des amis, quoi prendre quand on sortait dans un bar, comment draguer sans un verre à la main. Bref, mes codes sociaux s'écroulaient.
L'alcool est au centre de notre vie sociale. Tout souper festif s'accompagne d'une bonne bouteille, toute rencontre de fin de soirée se fait autour d'une bière, toute sortie en discothèque se fait avec quelques consommations, tout événement sportif se fête le verre à la main…
Qu'on me comprenne bien, je ne prône pas l'abolition de l'alcool ou la non consommation pour tous. Mais on m'a toujours dit qu'on reconnaissait un alcoolique au fait qu'il ne pouvait arrêter de boire. Or, je constate que je vis dans une société qui ne saurait arrêter de boire… Et il me semble un peu dérangeant de réaliser que l'alcool est un pilier social.»
Une société alcoolique?
Richard Martineau