BloguesRichard Martineau

T’sé, man, ***, t’sé

Désolé pour mon absence hier, les amis, j'avais un problème de branchement Internet. Mais ce matin, tout est revenu dans l'ordre.
Ma missive sur les Acadiens m'a valu de nombreux courriels de votre part. Comme je m'y attendais, plusieurs d'entre vous ont établi un parallèle entre la lente agonie de la culture acadienne et «ce qui nous attend tous si nous ne prenons pas notre sort en main». Dieu que vous êtes prévisible, parfois…
S'il y a un discours qui me pue au nez et qui me donne des boutons, c'est bien celui-là. Le discours hyper alarmiste voulant que le culture québécoise soit en péril.
Où ça????
Il n'y a jamais eu autant d'immigrants qui parlent français, autant d'artistes francophones originaires d'autres pays, autant de nouveaux chanteurs, de nouveaux réalisateurs, de nouveaux comédiens… Écoutez-vous la musique québécoise, bordel? Charles Dubé, Pierre Lapointe, Les Trois accords, Taïma, Martin Léon, Corneille, Ginette, Andrée Watters, Dumas, Vincent Vallières, Yann Perreau, Ariane Moffatt, Amélie Veille, Stefie Shock… On dirait que chaque semaine, trois nouveaux auteurs-compositeurs-interprètes voient le jour. Et vous dites que la culture québécoise est en péril?
Coup donc, sortez-vous, parfois? Ou passez-vous votre temps dans votre salon à lire les écrits apocalyptiques de Pierre Falardeau?
Quel livre avez-vous lu, cet été? Da Vinci Code, ou un roman québécois? Quel film québécois avez-vous vu ces six derniers mois, à part Camping Sauvage?
Savez-vous ce qui menace la culture québécoise? Ce n'est ni les Américains ni les maudits anglais. C'est la paresse. La paresse crasse des jeunes Québécois francophones tricotés serrés qui ne savent pas écrire, qui ne peuvent pas aligner trois mots sans trébucher dans la langue, dans LEUR langue.
Souvent, je lis les courriels que les gens m'envoient, et ça me décourage… LA PLUPART DES GENS NE SAVENT PAS ÉCRIRE! ILS FONT DES FAUTES TOUS LES DEUX MOTS! Pas des fautes d'inattention ou de distraction comme ça arrive à tout le monde d'en faire, mais des fautes systématiques, des fautes d'analphabètes! Et quand on leur reproche leur manque de vocabulaire, ils répondent: «Kessé-tu veux, man, c'est le système d'éducation qui est toutte tout croche.»
Non, ce n'est pas le système d'éducation qui est «toutte tout croche», c'est toi, man, qui ne lis jamais, qui ne vas jamais au théâtre, qui ne connaîs crissement rien de ta propre culture. Et après ça, ça vous donne des leçons de nationalisme 101! Ça se prend pour Gaston Miron juste parce que c'est allé voir Elvis Gratton 3! Ça lit deux ou trois blogues et ça se prend pour un expert en géopolitique internationale!
Chaque année, je vais au Salon du livre. Qui voit-on au Salon du livre? Des femmes de 50 ans et plus. Ce sont elles qui portent la culture québécoise à bout de bras, ce sont elles qui achètent des livres et qui écoutent les émissions culturelles à la télé et à la radio. Où êtes-vous, les autres? Que faites-vous, à part chialer dans votre froc et pleurer à gros bouillons sur la mort inéluctable de la culture québécoise? En lisez-vous, des romans québécois? En voyez-vous, des films québécois (à part les comédies insipides faites sur mesure pour vendre du pop-corn)? Achetez-vous les disques des nouveaux chanteurs, ou réécoutez-vous toujours les mêmes vieilles tounes de Beau Dommage?
Lâchez-moi avec la mort de la culture québécoise! Elle est là, la culture, elle explose, elle n'a jamais été aussi vivante! Elle n'attend que vous…
Mais vous êtes trop occupés à répéter des âneries pour vous en rendre compte.