Hier, j'ai passé une partie de la journée à La Malbaie, près de Baie Saint-Paul. J'ai pris une bière avec un ortho-pédagogue qui habite la région de Charlevoix. Pendant 23 ans, il s'est occupé des cas-problèmes dans une école de Montréal. Mais un jour, il a craqué. Un p'tit gars de 7 ans s'est pointé à l'école avec une arbalète. Il voulait tuer un élève. Lorsque l'ortho-pédagogue a tenté de le raisonner, le p'tit cul lui a dit: «Touche-moi pas, mon père est avocat, et il va te poursuivre!»
Une heure après cet événement, mon interlocuteur est entré dans le bureau du directeur de l'école et lui a remis sa démission. «Il était temps que je parte, m'a-t-il expliqué. Les temps ont trop changé, c'est trop dur être prof, maintenant.»
Aujourd'hui, Richard (c'est son prénom) fait du tutorat privé. «Mes clients sont des gens qui ont l'éducation à coeur et qui respectent les profs. L'autre jour, un de mes élèves m'a fait attendre dans le salon pendant deux minutes. Il voulait se changer, mettre une chemise et une cravate. Pour lui, il n'était pas question de se présenter devant son tuteur en t-shirt et en jean. Pourtant, la réunion se tenait chez lui, pas dans une école… Il faut dire que mes élèves sont des immigrants et que pour eux, le respect et le sens de l'effort sont des mots qui veulent encore dire quelque chose.»
Richard discute-t-il parfois de cette situation avec des collègues? «Oui, entre nous, on parle souvent de ça, me dit-il. Mais on se garde de tenir ce genre de propos devant des gens qui n'oeuvrent pas dans le milieu de l'éducation.»
Pourquoi?
«On a peur de passer pour des gens de droite…»
En écoutant Richard, je pense à certains courriels que j'ai reçus au cours des derniers jours. «Tes propos sur l'éducation sont réactionnaires, Martineau», «Tu montres que tu es un gars de droite», «Tu beurres épais», etc.
Comme ça, prôner le retour à une certaine discipline, c'est être de droite? Demander aux jeunes de savoir écrire et de respecter leur langue, c'est être de droite? Remettre un diplôme seulement à ceux qui le méritent, c'est être de droite?
Et la gauche, c'est quoi? Écrire n'importe comment, rester assis sur son beigne, parler tout croche, envoyer chier toutes les figures d'autorité?
Eh bien, on est loin des années 60. À l'époque, la gauche, c'était le monde des idées, du débat. Pas le monde du je m'en foutisme…
De droite, vraiment?
Richard Martineau