Message d'un Internaute, Carl B. Bergeron:
"M. Martineau, si vous saviez à quel point le système français est sur-estimé. J'ai des amis français qui sont très heureux de venir étudier au Québec et d'échapper à cette stérile culture du par coeur qu'on leur impose. Les classes sont surpeuplées, les professeurs ne sont pas disponibles. Une amie m'a raconté qu'elle était enchantée de pouvoir faire une multitude d'activités parascolaires au cégep, alors qu'elle revenait d'un séjour d'un an dans un lycée français complètement dégarni, doté d'une bibliothèque minuscule faite de magazines et de bouquins à moitié déchirés. De jeunes intellectuels passent près de la dépression lorsqu'ils entrent à l'École Normale Supérieure et certains d'entre eux finissent par admettre le ridicule, le grotesque profond de l'approche pédagogique prônée par leur système.
Bien entendu, il faudrait réussir à trouver un équilibre entre la nécessité d'apprendre par coeur des notions, des événements et des dates clés et la nécessité d'exercer ses facultés cognitives sans tomber dans l'errance de la "pédagogie du vécu" où l'étudiant "exprime son dedans" dans des "ateliers de groupe interactifs". Mais je ne vois pas en quoi le modèle français est avantageux par rapport au nôtre.
Le type de questions posées dans leur questionnaire que vous avez publié dans votre blogue du 31 août (Passe ton bac d'abord) suggère une connaissance approximative des multiples domaines abordés.
Vous évoquez Nietzche et on vous répondera avec les mots-clés et passe-partout: "le retour du même", le "surhomme", etc..
Vous dites "Shakespeare" et on vous dit: "Ah oui! To be or not be!". Mais ça n'a rien à voir avec un apprentissage RÉEL des façons d'aborder et de comprendre une oeuvre et sa signification implicite.
À quoi ça sert de lire 80 livres si vous passez en surface sur chacun d'eux? Autant en lire 10 et les fouiller à fond. Mais le modèle français n'en est pas là. Et à l'inverse, le modèle québécois non plus.
Il faut sortir de ces réflexes de soumission devant l'approche française. Aux dernières nouvelles, le système d'éducation québécois, malgré tous les défauts qu'il recèle (comme les autres systèmes de par le monde), se défendait très bien mondialement et trônait dans le peleton de tête. Alors pourquoi toujours cette fascination pour le Français cultivé en apparence, mais comme les autres en réalité?
"Quelle est la superficie du territoire américain?"… Non mais, a-t-on déjà vu question plus idiote? Pourquoi ne pas demander, tant qu'à y être, la température moyenne enregistrée à l'aéroport de Dorval entre les mois de février et avril 1989?"
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Ma réponse: Effectivement, monsieur Bergeron, le système français n'est pas sans faute. Reste que le Français moyen réussit à exprimer clairement sa pensée dans une langue correcte, alors que le Québécois moyen, lui, a de la difficulté à aligner deux mots… Or, quand on ne réussit pas à exprimer SA pensée, on ne peut pas exprimer UNE pensée. Et ça, comme disent les Chinois, c'est le "bottom line".