Voici mon deuxième jeu de la morale. Après s'être questionné sur la façon de faire des soldats (peut-on oui ou non avoir recours à la torture?), on se penche maintenant sur les méthodes adoptées par les policiers.
On parle beaucoup, par les temps qui courent, de la lutte contre le crime organisé. Or, jusqu'où peut-on aller pour combattre le crime?
Je vous rappelle les règles. Je vous raconte une histoire vraie qui pose un problème moral, et je vous demande de prendre position. Il ne s'agit pas de répondre par oui ou par non, mais bien de développer votre pensée.
Passons au cas de la semaine. Il s'agit de l'histoire de Joseph Pistone, un agent du FBI qui, en 1987, a publié son autobiographie, Donnie Brasco: My Undercover Life in the Mafia. (Si le titre vous dit quelque chose, c'est probablement parce que vous avez vu l'excellente adaptation cinématographique qu'en a tirée Mike Newell, avec Al Pacino et Johnny Depp.)
À la fin des années 70, Joseph Pistone s'est fait passer pour un gangster afin d'infiltrer le milieu du crime organisé. Pendant six ans, il a passé ses jours et ses nuits en compagnie de soldats de la puissante famille Gambino. Afin de gagner leur confiance, et grimper les échelons de l'organisation, il a participé à toutes sortes d'activités criminelles: escroqueries, fraudes, vols, recel, trafic de drogues… Histoire de prouver qu'il était un "gars de la bande", il a même donné 40 000 $ à un chef de gang – un joli petit magot qui provenait directement de la "petite caisse" du FBI.
Soulignons que Pistone a commis toutes ces infractions avec l'accord de ses supérieurs.
Au cours de ses six années passées dans le monde interlope, Joseph Pistone a été témoin de plusieurs crimes. Il savait que ses "amis" de la mafia allaient assassiner tel ou tel gangster dans les jours suivants, qu'ils allaient cambrioler telle ou telle entreprise le lendemain soir, etc. Or, toujours sur l'ordre de ses supérieurs, il ne fit strictement rien pour stopper ces crimes. "L'important, a-t-il écrit dans son livre, était le résultat final. Ma mission n'était pas de coffrer des voleurs d'autos ou des petits trafiquants de drogues, mais bien les gros patrons de l'organisation."
Grâce à l'enquête de Pistone, plusieurs membres influents de la mafia new-yorkaise ont été condamnés à de longues peines de prison.
Voici ma question: le jeu en vaut-il la chandelle? Est-ce moral de briser la loi pour condamner des gens qui brisent la loi? De donner de la drogue à des informateurs ou du fric à des bandits?
En d'autres mots: la fin justifie-t-elle les moyens lorsque vient le temps de combattre le crime? Les gardiens de la loi sont-ils au-dessus des lois? Faut-il à tout prix devenir immoral pour sauver la moralité?
J'attends vos réponses avec impatience. La semaine prochaine, j'en publierai quelques-unes sur mon blogue.