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CHOI-RBO, même combat?

Heureusement, ce ne sont pas tous les fans de Fillion qui prennent les nerfs dès qu'on critique leur idole. La preuve, ce courriel que j'ai reçu aujourd'hui. L'auteur pose de bonnes questions, et le fait posément, sans s'énerver.

«Bonjour M. Martineau. Peut-être le blog n'est pas la place pour réagir à votre émission que vous avez enregistrée à Québec mercredi soir, mais n'étant pas un habitué des feedbacks aux animateurs, j'ai pris l'adresse que j'ai trouvé. En tant qu'auditeur assidu de CHOI-FM et des Francs-Tireurs ¿ pour les mêmes raisons, ne vous en déplaise, c'est-à-dire l'irrévérence des animateurs et les sujets abordés -, je n'ai pu m'en empêcher. J'espère que vous lirez ce message, même si ça sera sans doute le 14 000ème que vous recevrez sur le sujet.

Je tiens tout d'abord à vous féliciter de vous être déplacé à Québec pour tenter de mieux comprendre le "phénomène" CHOI, ça vous place déjà en avance sur l'ensemble des journalistes du Québec. Un bémol cependant: le ton belliqueux que vous avez adopté lors de la première moitié de l'émission vous a privé d'un invité fort intéressant (pour l'avoir déjà entendu dans le passé, il vous aurait illustré le "phénomène" mieux que tous les autres réunis) et a transformé cette partie d'émission en freak show. L'exercice ne fut cependant pas inutile, car vous avez démontré que faire de la radio d'opinion en direct peut facilement amener des débordements et des échauffements d'esprit.

J'arrive à l'essentiel. J'avoue ne pas comprendre votre indignation face aux jokes de Fillion et Cie sur les personnalités publiques. Je me souviens qu'à l'époque, RBO était une émission controversée. On y caricaturait méchamment la colonie artistique, les politiciens et autres personnalités publiques. Quinze ans plus tard, la colonie artistique embauche le plus méchant des ex-RBO (Guy A. Lepage) pour se faire conter des blagues méchantes mais gentilles lors du gala de l'ADISQ. Quinze ans plus tard, ce même Guy A. Lepage est devenu une référence de l'establishment culturel québécois. Quinze ans plus tard, l'humour de RBO est considéré comme de la critique sociale.

On pourrait également relater les frasque des Bleu poudre, de Piment Fort, de Serge Chapleau et d'une panoplie d'humoristes en matière de méchanceté avec les personnalités publiques. Pourquoi, soudainement, cela apparaît-il inacceptable? J'émets une hypothèse: les anti-CHOI ont tous personnellement été écorchés par Filion et veulent le faire payer. J'espère que je me trompe car cela serait enfantin.

Car il ne faut pas oublier une chose majeure dans toute cette histoire. Jeff Filion n'est qu'un simple animateur de radio qui produit une simple émission de radio. J'ai du mal à comprendre comment une émission si banale, somme toute, réussi à virer le Québec à l'envers. Un débat sur la couleur de la margarine, prise deux?

Il pourrait s'agir là d'un excellent sujet pour une seconde émission: pourquoi les anti-CHOI haïssent-ils à ce point Filion et ceux qui l'écoutent. Après avoir lu/entendu pas mal de choses écrites sur le sujet, je doute que vous ayez vu une animosité aussi forte de la presse (écrite et parlée) envers quelqu'un en 25 ans de journalisme.

Ceci étant dit, longue vie à CHOI et aux Francs-Tireurs!!»

– Jean-Luc Vézina, Québec