Décidément, l'éducation au Québec est un sujet qui touche particulièrement les lecteurs et lectrices de ce blogue. Je ne cesse de recevoir des courriels traitant de ce thème. Je prends ça comme un signe de santé!
Voici d'ailleurs deux courriels que j'ai reçus au cours des dernières minutes.
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"Avant de critiquer trop durement le système scolaire québécois, il faudrait peut-être ajuster son tir. Je concède que la qualité de la langue en arrache un peu et que certaines personnes ne semblent écrire qu'en mode phonétique. Par contre, il serait bon de mentionner que la société de consommation actuelle à une grande part du tort et que ce n'est pas seulement l'orthographe qui est un gage de connaissance. Il est préférable d'être bien qualifié plutôt que d'être bien cultivé. Etant dans le milieu universitaire, je remarque que les étudiants qui terminent leurs études au Québec et au Canada ont des expériences concrètes et techniques nettement supérieures à la plupart des européens.
Pour donner un exemple précis, dès sa première année au baccalauréat, un étudiant en chimie doit faire plusieurs séances de laboratoire, et durant ses études graduées, environ 5 ans de travaux pratiques intensifs. Lorsqu'il doit publier ses résultats, c'est dans des revues anglaises. Ce qu'il doit lire? Des manuels en anglais. En France, un étudiant passera une grande partie de son temps en classe, à apprendre la théorie sur le bout des doigts, la philosophie, les mathématiques, sans toutefois mettre la main à la pâte. En effet, c'est seulement durant ses trois années de thèse qu'un étudiant français sera dans un labo à temps plein. Qu'en est-il de l'industrie française? Bien moins privilégiée qu'en Amérique du Nord.
Le modèle américain que nous suivons semble dont être parfait pour former des scientifiques, ingénieurs et professionnels de haut niveau. Toutes des professions qui permettent de rapporter des gros sous aux travailleurs et aux entreprises et où les connaissances générales sont très peu utiles. Ce qui est mis de côté? La littérature, l'histoire, les arts et la culture en général. Ainsi faudrait-il penser à remanier l'importance qu'ont ces disciplines dans la société pour vouloir aider les jeunes d'aujourd'hui à être mieux éduqués, version européenne. Ce n'est pas qu'il n'apprennent rien à l'école, c'est qu'ils n'apprennent pas le français."
– Prof. Frédéric-Georges Fontaine
Professeur adjoint
Département de Chimie
Université Laval (Québec)
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"Bonjour M. Martineau. Comme à mon habitude, j'ai parcouru les nouveaux textes de votre blogue ce matin, et je crois que les interventions de M. Sébastien Plante ont touché une de mes cordes sensibles… En effet, j'ai passé ma journée en beau maudit. À la limite, sa première intervention bourrée de fautes, ça pouvait passer, mais la seconde, merde, il est complètement déconnecté!!! Bien sûr, c'est rendu primordial de connaître l'anglais, mais au Québec, c'est en français que ça se passe!!!
À titre d'exemple, voici une petite tranche de vie. J'ai terminé mon bacc en ingénierie l'an dernier et depuis, je travaille à contrat (en attendant d'être engagé comme permanent) dans une compagnie d'avionique de Montréal. Depuis que j'y suis employé, je travaille avec une petite équipe de 4 personnes, à Montréal, mais sur un projet de la division d'Ottawa. Résultat: à part les gens de mon équipe, toutes les autres personnes travaillant sur le projet sont des anglophones qui ne parlent pas du tout français: les patrons, les personnes ressource; la moindre question doit être posée en anglais, le moindre document est en anglais – bref, je travaille sur un projet en anglais.
Par contre, si mon français était du même calibre que celui de M. Plante, probablement que j'aurais quelques problèmes et que je pourrais dire adieu à mon espoir de poste permanent. En effet, à toutes les semaines, dans le cadre de mon travail, je dois répondre à des courriels ou des lettres en français, venant de confrères de travail de la division de Montréal, ou encore, demander du support par fax ou courriel pour tel outil, fait au Québec ou en France. Toutes les semaines! Qu'est-ce que je ferais si je ne savais pas écrire le français? Ça paraît bien un courriel plein de faute à un "big boss" ou aux ressources humaines. Ou sinon, je pourrais toujours répondre en anglais quand on m'écrit en français… et courir la chance que la personne à l'autre bout soit un haut placé ayant son mot à dire sur mon emploi, souverainiste pur et dur qui a le français à coeur…
Pourtant, j'ai été engagé en anglais, sur un projet en anglais!
Il ne me reste qu'à espérer que M. Plante va se sortir la tête du sable, qu'il va regarder un peu autour de lui pour réaliser, comme je l'ai dit, qu'au Québec, c'est en français que ça se passe! Parce que sinon, c'est le premier à qui tout ça va nuire… beaucoup plus qu'il peut l'imaginer…"
– Alexandre Moreau