Une autre réaction aux propos de Christian Bégin, signée Thiery Dubé:
"En fait, le problème selon moi n'est pas tant que des "non-acteurs" ou des "gens sans formation" deviennent têtes d'affiche à l'écran. C'est plutôt ce qu'on ne voit pas à l'écran pendant ce temps…
De quels grands actrices et acteurs les producteurs privent-ils le Québec en engageant des humoristes ou des vedettes de télé-réalité comme comédiens?
Ridicule? Pas tant que ça. Imaginons, un instant, si Rémi Girard n'avait jamais eu la chance de décrocher de rôles importants dans le passé parce qu'à son époque, Jöel Denis et René Angélil étaient plus beaux, plus connus et plus populaires que lui et que les producteurs les avaient engagés dans leurs films par souçi d'attirer les foules… Aurait-il pu nous donner l'interprétation magistrale du Déclin?
Si les réalisateurs de Radio- Canada de l'époque n'étaient pas venu chercher au TNM et au Rideau Vert des comédiens de théâtre de talent, qui aurait joué dans les Plouffe?? Dans des films marquants de notre histoire? Dans nos téléromans? Comment connaîtrions- nous Guy Nadon, Raymond Bouchard, Françoise Faucher? Qui aurait donné une chance à Pierre Lebeau?
Guy Boucher aurait-il joué le Survenant? Jenny Rock aurait-elle joué dans rue des Pignons?
Plusieurs acteurs qui n'étaient pas des "coqueluches" du public ont marqué notre culture, nous ont donné de grands moments de télé et de cinéma parce que la préoccupation de l'époque était d'engager des gens de TALENT, de faire découvrir des interprètes qui pouvaient incarner des personnages complexes, et non seulement engager des gens populaires du moment, des "saveurs du jour" du sport, de la musique ou des variétés parce qu'ils plaisent au public.
Il y avait une préoccupation de qualité, qui s'est volatilisée… On ne se demande plus qui peut le mieux faire la job, mais qui est "hot" pour les cotes d'écoute? Qui "vend" aux annonceurs? Qui "la-madame-de-la-rue-Panet" aime?
Ne minimisons pas ce que ça engendre comme conséquence: un appauvrissement de notre culture.
En agissant comme ils le font, les producteurs et autres décideurs ne font pas que priver des comédiens talentueux de travail. Ils nous privent d'une partie du meilleur de nous-même, comme société."