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"Racial Profiling": réactions

Des réactions à mon entrée sur le profilage racial (voir 21 octobre).

Martin Angers
«Reportons-nous quelques années en arrière. Oklahoma City. Timothy McVeigh est aussi blanc que vous et moi. Un Américain, un patriote, un ancien militaire. Je n'ai pas entendu parler de fouille systématique des hommes blancs entrant aux États-Unis. Pourtant, c'est relativement connu, il existe des milices extrêmistes, ultra-patriotiques aux États-Unis. Des terroristes blancs, qui parlent étatsunien. Deux poids, deux mesures? Des crimes graves sont commis chaque jour par des blancs, mais les corridors de la mort sont bondés de noirs et de latinos, la plupart sans le sou.
Je pense que le "racial profiling" qui vise les arabes en ce moment est plutôt une occasion alléchante pour le gouvernement américain de fermer leurs portes au peuple arabe.»

Stéphanie Laroche-Pierre
«Qui dit que les terroristes (qui doivent forcément se tenir au courant de l'actualité) ne vont simplement pas contourner cette mesure en recrutant des gens qui ne correspondent pas au profil physique jugé suspect? Personnellement, je trouve que ce n'est que cosmétique, pour donner l'impression que quelque chose est fait pour assurer la sécurité intérieure, rien de plus.»

Marc-André Lacombe
«Vous croyez que ce genre de "traitement défavorable" est seulement réservé aux questions de race? C'est plutôt la règle. Regardez autour de vous. Prenez par exemple les assurances-auto. Vous avez entre 18 et 24 ans? On triple votre prime. Après tout, c'est vous qui faites des conneries à 160km/h sur les autoroutes.
Et remarquez, ce n'est pas nécessairement mauvais, au contraire. Il y a un écart ÉNORME entre battre un Arabe à cause de sa couleur de peau, et fouiller la même personne car elle représente un plus grand risque de commettre un attentat-suicide. Le premier est du raciste pur et dur, dans le vrai sens du terme. Le deuxième est un geste beaucoup plus pensé et va au-delà de la couleur de peau.
Ok, un Blanc aussi peut faire exploser une bombe (pensez à Oklahoma City). Mais le type de l'Irak arborant un T-Shirt "Vive Allah, Kill USA" et tremblant de nervosité a plus de chance que de faire péter l'avion que la petite religieuse de 80 ans assoupie sur son siège. C'est pas du racisme, c'est de la statistique.
La guerre contre le racisme se fait tellement intensément qu'elle brouille la limite entre un acharnement injustifié et des actions basées sur des différences réelles.»

Michel Marceau
«Le profilage racial est rarement, pour ne pas dire jamais, une bonne méthode pour prévenir les crimes en Occident. Les services de renseignements des États industrialisés ont développé des méthodes plus efficaces de lutte contre le terrorisme et contre les autres formes de criminalité.
Si le profilage racial est dépassé au plan technique, il est politiquement nul. On ne peut accroître la sécurité par la provocation d'un groupe de personnes. Cette méthode ne fait qu'accroître le ressentiment et engendre la violence.
Le risque nul n'existe pas dans le domaine de la sécurité et la solution à long terme aux problèmes de sécurité réside toujours dans une répartition plus équitable de la richesse et la généralisation de la démocratie.»

Hugo Gingras
«Loin de moi l'idée de vouloir écarter la nécessité de débattre des idées dans une démocratie, excepté que dans ce cas particulier, je dirais que les arguments de Malkin ne valent pas la peine d'être débattus en raison des problèmes de crédibilité de l'auteure.
Je vous suggère à cet effet de faire une recherche sur le site "mediamatters.org", qui a recensé les récentes apparitions de Malkin dans les médias, ce qui permet de constater que la dame en question semble faire partie de l'aile plutôt radicale (pour ne pas dire carrément lunatique) de la droite américaine.
On y apprend également que son dernier ouvrage sur l'internement des japonais durant la seconde guerre mondiale s'est mérité plusieurs critiques de la part d'éminents spécialistes sur le sujet.
Ce n'est pas tant un problème de censure que d'éthique journalistique. Par exemple, les allégations avancées par le groupe anti-Kerry Swift Boat Veterans for Truth n'auraient jamais dû rejoindre l'oreille du grand public étant donné qu'elles ont été largement discréditées (entre autres par le Washington Post et le New York Times). Malheureusement, les médias ont servi de courroie de transmission pour cette propagande puisqu'ils sont plus préoccupés par leurs cotes d'écoute que par le degré de crédibilité de leurs invités.
C'est pourquoi je crois qu'il vaut mieux faire la sourde oreille à ce genre d'arguments, car sinon on tombe précisément dans le piège de l'auteure, qui tente de se donner une façade respectable avec son livre pour discuter d'idées autrement indéfendables.»