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Suis-je québécois?

Réaction intéressante d'un Internaute, François Foley, à mon texte intitulé Qui est québécois?

"Bonjour Richard, à la suite de ton questionnement sur l'identité québécoise, j'ai été pris d'une soudaine attaque de perplexité. Je me suis posé la question à mon tour: suis-je un Québécois?
Je suis né au Québec, dans un milieu francophone et j'ai fait mes études en français. Cependant, quand je regarde mon arbre généalogique, je me rends compte que j'ai des origines à la fois britanniques (voire irlandaises) et québécoises! En effet, mon grand-père paternel était un anglophone unilingue, qui a combattu dans la marine britannique lors de la Seconde Guerre mondiale. J'ai été élevé dans les Cantons de l'Est, passant mon enfance entre Sesame Street et Bobino, puis mon adolescence entre Three's Company et Pop Citrouille, enfin entre Saturday Night Live et RBO.
Aujourd'hui, j'étudie et j'enseigne la littérature française dans une université francophone, mais je lis plein de romans anglo-saxons durant mes vacances d'été.
Je ne sais si je préfère Leonard Cohen à Leloup, par exemple, mais je sais que j'adore le magnifique album de Lhasa, The Living Road, dont les textes sont en trois langues.
Ma blonde est une anglophone bilingue de l'Ontario qui enseigne dans un cégep anglo du West Island; un de mes amis francophones enseigne à Vanier, un cégep anglophone; un autre travaille dans une librairie anglophone; l'un d'eux fait de l'humour dans les deux langues, etc.
Enfin, je quitte cette semaine pour un congrès universitaire qui aura lieu aux États-Unis (à St. Louis, Missouri), et dans lequel il y aura des conférenciers dans les deux langues, traitant de littérature française! Je me demandais d'ailleurs dans quelle langue je devais rédiger ma conférence, puisque j'avais le choix. J'ai choisi le français, mais j'aurais pu pencher pour l'autre sans problème.
Alors, suis-je québécois? J'en ai les racines. Canadien? J'en ai le passeport. Nord-américain? J'en ai l'esprit.
Je préfère croire que je possède une identité qui me met en symbiose avec mon temps. Je suis un homme du 21e siècle. Quand on a compris ça, on passe par dessus les barrières linguistiques, on s'ouvre à l'autre et on profite de la merveilleuse vie culturelle de l'Amérique!"