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À bas les enfants: réaction d’une non-mère

Réaction d'une Internaute, Julie Filion, au courriel que m'a envoyé Edgar-Hector Rondeau, le 13 décembre dernier. Certains lecteurs vont grincer des dents, je le sens! (À lire en écoutant Moi si j'étais un homme, de Diane Tell. "Mais je suis femme, et quand on est femme, on ne dit pas ces choses-là…")
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"Je ne peux m'empêcher d'être d'accord avec Mr. Rondeau. Je suis une femme, et moi aussi c'est un vrai baby-boom dans mon lieu de travail. Je remplace d'ailleurs une femme partie en congé de maternité.  

Je n'ai jamais voulu d'enfant, et je n'en veux toujours pas. Je ne trouve pas que c'est le Nirvana de l'accomplissement – en tout cas, pas pour moi. Parce que j'ai 28 ans, mes collègues de travail passent leur temps à me demander quand je vais avoir DES enfants. Quand je réponds que ce n'est pas pour moi, vous devriez voir leur visage s'allonger! Je les entends tout de suite penser: «Quelle égocentrique!»   

Ce n'est pas juste l'apanage des hommes de ne pas vouloir d'enfant. Certaines femmes sont aussi révulsées par l'idée d'aller en banlieue, de moucher fiston avec un vieux Kleenex que l'on gracieusement humidifié de sa bave, d'entendre des comptines où une chanteuse mi-enfant mi-femme se dandine en faisant des grimaces ou encore d'avoir à aller porter rejeton à la garderie qui se trouve à l'autre bout de la ville parce que là, au moins, il apprendra le mandarin. J'exagère à peine.

À la différence de monsieur Rondeau, je ne peux pas dire ces choses-là. Tout simplement parce que je suis une femme, et qu'une femme, ça veut des enfants. On me sert le «C'est juste parce que t'as l'impression de ne pas être prête, mais tsé, on ne l'est jamais vraiment prête!» à chaque fois! Je dois m'expliquer comme si j'avais commis un crime. Je dois PROUVER que je ne suis pas méchante, égoïste ou anti-sociale. Je ne suis pas malade, je ne veux juste pas d'enfant!!!   

Je vois d'ici tous les visages de ces mères et de ces pères qui lisent ce message en se disant que je n'ai rien compris, que si j'en avais un enfant ça changerait ma perspective, que je dois être une marâtre et une batteuse d'enfant potentielle. La réalité c'est que MOI, je n'en veux pas, et que ça ne m'empêche pas d'avoir le plus grand plaisir à garder et à jouer avec mes nièces, que je les adore, mais ça ne me donne pas le goût d'en avoir. 
Non, je ne me sens pas incomplète sans enfant. Oui, je me vois très bien mourir en n'ayant pas d'enfant à mon chevet. Et non, ce n'est pas juste parce que je ne me sens pas prête!   

On idolâtre les gens qui ont des enfants, ils ont tellement de courage, paraît-il.  Je ne sais pas s'ils ont du courage ou s'ils font juste ce qu'ils ont à faire, mais peu importe, je ne peux pas juger je n'ai pas d'enfant et n'en veut pas. Alors je les respecte, et m'extasie à mon tour devant la photo de Lune-Crystelle. 
Tout ce que je demande, c'est un peu de respect moi aussi face au choix que j'ai fait."