Si vous avez lu les journaux, ces derniers jours, vous avez sûrement appris que j'ai refusé de participer à une émission d'affaires publiques qui sera diffusée sur les ondes du réseau CBC Newsworld.
Cette émission s'intitule Au Courant.
Sa mission: expliquer le Québec aux Canadiens, leur dire ce qui se passe ici, de quoi les gens parlent dans la rue, qu'est-ce qui fait vibrer les éditorialistes, etc.
Il y a quelques semaines, j'ai participé à un pilote avec Nathalie Petrowski. On nous a dit qu'Au Courant sera une émission d'affaires publiques relevant du secteur de l'information de la CBC. Bref, du sérieux.
Or, quelques jours après l'enregistrement de ce pilote, nous avons appris que c'est Mitsou qui animera l'émission. D'où mon départ, et celui de ma collègue de La Presse.
Comprenez-moi bien: je n'ai rien contre Mitsou. Elle est gentille, et tout et tout. Mais soyons sérieux: engagerait-on Marie-Chantal Toupin comme animatrice d'Enjeux, ou Gabrielle Destroismaisons comme animatrice de Zone Libre? Non. Toute la communauté journalistique s'offusquerait de cette décision, et avec raison…
(D'ailleurs, ils disent quoi, les journalistes, sur l'affaire Mitsou? Rien. Ils haussent les épaules. On vient de leur dire qu'une chanteuse populaire peut faire le même boulot qu'eux, et à moindre prix, et ils s'en fichent.)
C'est bien beau, vouloir rejoindre le peuple et faire de grosses cotes d'écoute, mais il y a quand même une limite, non?
Elle est gentille, Mitsou, mais ce n'est pas une journaliste aguerrie! À ce que je sache, elle n'a jamais manifesté le moindre intérêt pour la politique ou les grands enjeux sociaux.
Si CBC Newsworld se met à engager Mitsou comme animatrice d'une émission d'affaires publiques, que vont faire les autres réseaux? Nommer Annie Brocoli lectrice de nouvelles? Marie-Élaine Tibert directrice de l'information?
C'est pour cette raison que j'ai claqué la porte d'Au Courant. Pour dire: Wow, c'est assez. La télé publique ne devrait pas imiter les réflexes de la télé privée, elle devrait placer la barre plus haut et participer à élever le débat, au lieu de l'abaisser.