Une réaction d'un lecteur, Yves Bolduc, à l'annonce de la mort du grand Johnny Carson:
"Je suis tout à fait d'accord avec votre lecture du personnage public que fut Johnny Carson. Je n'écoute plus beaucoup la télé en anglais mais du temps de ce bonhomme, je me précipitais devant mon écran presque chaque soir.
Les autres (comme Leno) ne m'attirent pas. Ce sont des bouffons qui n'arrivent pas à la cheville de leur maître. Plus des humoristes que de véritables entertainers.
Carson n'aura pas participé à cette dérive des médias que nous vivons aujourd'hui. Cette dégringolade de l'espace public qui devient sous le joug de la concentration, un espace réduit, amputé de son plus bel atout: le respect du public.
Carson est l'un des derniers exemples de cette télé qui avait encore le respect de ses auditeurs. Un respect qui était autre chose que cet intérêt purement comptable qui ne s'intéresse qu'à l'audimètre.
Aujourd'hui, dans la frénésie de la course aux cotes d'écoute, on confond allègrement le respect du public et le marketing. On fait les téteux. On multiplie les basses flatteries, on satisfait l'égo des uns et des autres. On met beaucoup de sel et de sucre. Bref, on ne veut pas que ça soit bon, on veut que ça goûte!
Et les gens consomment. Pour l'instant. Mais parions que la société vieillissante recherchera un jour ce respect qu'on lui a retiré. Après tout, quand je parle de société vieillissante, je parle de moi. Et moi, voyez-vous, je m'ennuie déjà de ce respect-là. Johnny Carson en était l'incarnation. On devrait lui dédier un prix qui porterait son nom et qui soulignerait les efforts des diffuseurs à respecter leur public."
Tout à fait d'accord, monsieur!