Johnny Carson est mort.
La nouvelle m'a fait un certain choc, je l'avoue. Tout d'abord, parce que Carson a littéralement bercé ma jeunesse. Mais aussi parce que cet homme était la grâce incarnée. Toujours poli avec ses invités, subtil, drôle. C'était l'époque où les animateurs de talk-show étaient plus intéressés à mettre leurs invités en valeur qu'à tirer la couverture de leur bord et à se servir de leurs invités comme faire-valoir.
Quand Carson prenait le crachoir, c'était pour se moquer de lui-même, et non pour bitcher ses consoeurs ou confrères de travail.
L'homme avait de la classe jusqu'au bout des ongles. Lorsqu'il a quitté le petit écran, après 30 ans de loyaux services, il l'a fait sans tambour ni trompette. Il s'est assis seul sur un tabouret, et a présenté ses moments préférés. À la toute fin de l'émission, il a essuyé quelques larmes du revers de la main (moi aussi, pour être franc) et a remercié les spectateurs pour l'avoir aussi gentiment accuieilli dans leur salon chaque soir. That's it, that's all.
Un exemple de sobriété et d'humilité.
C'était en 1992. Même si les producteurs n'ont cessé de cogner à sa porte, Carson n'a plus jamais accordé d'entrevue et n'a plus jamais accepté de passer à la télé.
Il a dit qu'il partait, et il est parti. Les galas, les hommages et les shows nostalgiques, très peu pour lui.
Un grand bonhomme.
Aucun animateur ne m'a donné de si beaux moments de télé. Il faisait vraiment partie d'une race à part.
Il était plus cool que tous les membres du Rat Pack réunis.
J'ai vraiment les blues, merde…
Le Roi est mort
Richard Martineau