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Cinéma: où s’en vont les indépendants?

Le Festival Sundance, la Mecque du cinéma indépendant américain qui a permis de lancer la carrière de nombreux jeunes cinéastes (Kevin Smith, Steven Soderbergh et Quentin Tarantino, pour ne nommer que ceux-là), bat son plein.
C'est l'occasion parfaite pour se pencher sur l'avenir du cinéma indépendant.

Pour plusieurs cinéphiles, le cinéma indépendant américain ne s'est jamais aussi bien porté. Mais pour d'autres (tels le critique Peter Biskind, auteur de Down and Dirty Pictures, un essai percutant sur le Festival Sundance et la maison de production Miramax), il agonise.
En effet, ce ne sont pas les indépendants qui ont transformé Hollywood, mais Hollywood qui a transformé les indépendants.

Prenez Soderbergh. Avez-vous vu Ocean's 11 et Ocean's 12? Ces divertissements à grand déploiement sont aussi nutritifs qu'un bol de Fruits Loop. On est loin de Sex, Lies and Videotape!
Idem pour Kevin Smith, qui est passsé de Chasing Amy à l'horrible Jersey Girl; Paul Thomas Anderson (Boogie Nights), qui a tourné une comédie avec Adam Sandler; et David Fincher (Fight Club), qui a réalisé Panic Room, un thriller prévisible et mécanique.

Parfois, on a l'impression que la seule chose qui démarque les films indépendants des productions hollywoodiennes, c'est le budget. L'image est moins léchée, les comédiens sont moins connus, la réalisation est moins "slick", mais le ton est sensiblement le même.
Qui, à part Todd Solondz (le réalisateur acidulé et déjenté de Happiness et de Storytelling) brasse vraiment la cage?

On parle beaucoup de Sideways, ces temps-ci, le dernier film d'Alexander Payne. Cette comédie racontant les aventures de deux amis qui parcourent la route des vins en Californie est charmante et rigolote, mais on est loin d'Election et de Citizen Ruth! Où est passé l'ironie, le cynisme, le sarcasme? Les propos mordants sur la démocratie, l'obsession du succès ou le droit à l'avortement? Évaporés! Payne nous ressort plutôt les vieux clichés sur l'amitié virile et la crise de la quarantaine. Zzzzzz… On a vu ça mille fois.

Si le cinéma américain vous intéresse (ou vous décourage, c'est selon), je vous conseille de lire ce texte paru sur le webzine Salon. Un survol pertinent.