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Salaire/éducation: réactions (4)

Ça déboule! Je croule sous les lettres!
Voici d'autres réactions au courriel de Caroline Rodgers…

MARIE-ÈVE GERVAIS:
«Ce qui m'a le plus marqué suite à ma lecture des réactions en rapport avec le salaire et l'éducation, c'est qu'on ne parle que d'argent et non de plaisir au travail.

J'ai des études universitaires, j'en suis fière, je ne gagne pas un salaire astronomique, mais je suis heureuse dans ce que je fais. Je n'ai aucun préjugé face aux personnes occupant des emplois qui ne demandent qu'un secondaire 5 (mon conjoint travaille dans la construction). Je ne me sens pas supérieure à un chauffeur d'autobus (ou à toute autre personne occupant un métier).

Toutefois, lorsque je lis les courriels qui débattent du salaire versus le nombre d'années d'études, je me dis: «Mais voyons, est-ce là la seule question préoccupante d'un métier, d'une profession? Et le bonheur dans tout ça? Maintenant on tente de se valoriser par le salaire qu'on gagne et non par ce que cet emploi nous rapporte émotionnellement?»

Même si je ne ne gagne pas encore le salaire qui correspond à mes études et diplômes, ce ne sera jamais l'argent qui va guider mes choix professionnels, mais le bonheur au travail. Je ne me valorise pas par mon salaire, je sais ce dont je suis capable.

Il ne faut pas oublier que nous travaillons pour vivre… et non le contraire. La vie doit être vécue avant le travail. Si notre vie n'est que travail eh bien, soit on assume et on arrête de chialer contre notre job, soit on fait des choix de vie différent!»
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DOMINIQUE D'ANOU:
« Franchement, quand je nous vois nous chamailler pour des pinottes… "Moi, je mérite plus que toi, moi j'ai un diplôme, pas toi, lalalère…"
Le vrai scandale, la vraie honte, ce sont tous ceux qui ne font rien, rien que gérer leur fortune colossale à l'ombre des palmiers dans des paradis fiscaux. Ces sales fortunes représentent le PIB de plusieurs pays réunis dans les mains de quelques-uns, des gros bonnets à la tête de grosses multinationales ou des chefs de la pègre convertis en hommes d'affaires.

Je me demande à quoi peut bien servir toute cette discussion stérile sur des petites différences de salaires d'à peine 20 000 $ quand des milliards de dollars nous filent sous le nez en toute légalité.
Quand les médecins, les chauffeurs d'autobus, les concierges et les ingénieurs arrêteront de se toiser du regard, quand le peuple arrêtera un peu de s'entredéchirer pour des miettes, on va peut-être commencer à comprendre qui se fait vraiment baiser dans tout ça!»
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PATRICE BEAURIVAGE:
«Le salaire s'attribue en fonction de nos compétences. On paie le médecin plus cher, parce que celui-ci ne fait pas que demander aux gens de dire "AHHHH" et écouter des battements de coeur toute sa vie. Son travail est nettement plus difficile à faire, parce qu'il est nettement plus difficile de comprendre comment on doit le faire.

Moi, j'ai eu un "training" de cuisinier. J'étais prêt à travailler seul au bout de 3 semaines. Le docteur X, lui, a décidé d'hypothéquer les belles années de sa vingtaine pour parvenir à terminer son laborieux "training". Pendant que vous sortiez dans les bars, que vous vous achetiez des voitures et que vous vous revêtiez des vêtements à la mode, le jeune docteur faisait trois choses: travailler à un salaire minable, travailler à l'école et dormir (et il ne dormait pas beaucoup).

Nous payons cher les médecins parce qu'ils sont capables de diagnostiquer un cancer du poumon, ce que vous ne saurez jamais comment faire, vous, les chauffeurs d'autobus, aussi intelligents et cultivés que vous puissiez être.»
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JACQUES BLANCHETTE:
«L'éducation, c'est payant à long terme.
Le chauffeur d'autobus avec son secondaire 5 est condamné à gagner 22 $ de l'heure, plus au moins indexé, toute sa vie. Il pourra peut-être un jour devenir superviseur. Mais ensuite, s'il veut progresser comme cadre, il devra nécessairement retourner étudier, suivre des séminaires de perfectionnement. etc.
Ceux qui ont des études universitaires peuvent en début de carrière gagner moins que des cols bleus, mais leur espérance de progression professionnelle et salariale est beaucoup plus grande.
Un chauffeur d'autobus, en dollars constants, ne gagnera jamais 80 000 $ par année, salaire que gagnent les cadres moyens qui ont fait des études universitaires.»