BloguesRichard Martineau

Caroline Rodgers persiste et signe!

La lectrice qui a lancé le débat concernant les liens entre le salaire et l'éducation m'a envoyé un autre courriel.
À vos claviers!

"Un des intervenants dit qu'enseigner, c'est supérieurement moral à chauffer un autobus. Je suis tout à fait d'accord.
Malheureusement pour lui et heureusement pour le marché du travail, la supériorité morale d'une profession sur une autre n'a pas comme corollaire une rémunération supérieure.

Je m'explique: la supériorité morale est quelque chose de complètement SUBJECTIF et s'établit en fonction de la hiérarchie des valeurs d'une personne. Qui déciderait de cette hiérarchie morale des métiers s'il fallait que ce soit ce critère qui détermine la rémunération?

Parmi les métiers suivants, lequel est supérieur moralement? Le chirurgien qui sauve des vies ou le pompier qui sauve des vies? Le prêtre qui répand l'évangile ou le vendeur de char? Ça dépend si on croit en Dieu ou pas!
Qui est supérieur moralement ici: le professeur de philosophie, le professeur de mathématiques ou le professeur de natation?
Ça dépend si on vient de tomber à l'eau!

Quel métier est supérieur moralement ici: un politicien ou un garagiste? Ça dépend lequel des deux on considère le plus menteur! Qu'est-ce qui est plus "moral" entre éduquer des enfants et leur préparer à manger?
Les éduquer peut-être, mais ventre affamé n'a pas d'oreilles!

Arrêtez de tout confondre: une relation salariale, c'est avant tout une relation de pouvoir et un rapport de force entre un fort et un faible. C'est à cela que servent les syndicats: rétablir le rapport de force en faveur des employés.

C'est bien dommage pour votre hiérarchie des valeurs, mais c'est comme ça! L'opérateur de machinerie qui gagne plus que l'enseignant n'est peut-être pas supérieur moralement, mais ça n'a rien à voir!

Ainsi, si vous êtes enseignant et que vous êtes scandalisé parce que votre plombier vous charge 45 $ l'heure, (mais qui a-t-il de MORAL à réparer des toilettes? vous écriez-vous, outré, lorsqu'il vous présentera la facture), vous n'avez rien compris au marché du travail, car vous confondez l'ordre technique (duquel font partie les métiers, quels qu'ils soient) avec l'ordre moral.

La morale n'intervient pas pour réguler l'ordre technique, elle n'intervient que dans les décisions individuelles.
Dans le cas du plombier, c'est la rareté qui détermine le prix. On manque de plombiers alors ceux-ci ont tout le loisir de réclamer une rémunétation élevée.

C'est l'offre et la demande, tout simplement. Aucun rapport avec une prétendue supériorité morale.
Car il n'y a pas de sots métiers, comme disait l'autre. Il n'y a que de sottes gens."