BloguesRichard Martineau

Syndicat gros bras (2)

YVES BOLDUC:

"Décidément, madame Rodgers, vous êtes en feu. Quest-ce que c'est que ce charabia sur la supériorité morale d'un métier par rapport à un autre? Pourquoi cette litanie de comparaisons boiteuses?
Il n'y a pas d'ordre moral des professions et des métiers. Vous le savez, je le sais, tout le monde le sait.

Ce que je sais aussi, c'est que vous avez une perception totalement réductrice du marché du travail. Je ne suis plus capable de blairer ce discours ultra-corporatiste des syndicaleux aux gros bras qui viennent nous prendre en otages et qui abusent de ce fameux rapport de force à chaque fois que les conditions du marché leur permettent.

Le problème, madame, c'est que si le jeu de l'offre et de la demande vous a toujours favorisé, c'est que vous n'avez jamais hésité à user de la terreur dans vos négociations pour forcer la partie patronale à vous céder ce qu'elle n'avait pas. Aujourd'hui, les sociétés de transport font des déficits épouvantables, et c'est encore moi, le payeur de taxe, qui devra sortir son cash pour renflouer leurs coffres.
Et à la minute que le gouvernement injectera mon argent dans le transport en commun, vous allez vous presser de sortir les pancartes pour réclamer toujours plus et le cycle recommencera.

Vous semblez trouver normal qu'un plombier fasse plus d'argent parce que les plombiers sont rares. Soit.
Par contre, les candidats qui peuvent conduire des autobus sont nombreux, très nombreux. N'oubliez pas qu'un plombier a suivi une formation professionnelle. Alors que les chauffeurs d'autobus…

Si le jeu de l'offre et de la demande opérait dans votre secteur, les salaires seraient drôlement à la baisse. C'est pour ça que la privatisation vous fait si peur.

Si vous avez des enfants d'âge scolaire, j'aimerais bien vous voir la tête si les enseignants prenaient les mêmes moyens que vous pour faire augmenter leurs salaires?
Dans ce contexte, la conscience sociale des professeurs a souvent nui à leurs demandes salariales. Elle est où, votre conscience à vous?"