Une lectrice, ALEXANDRA SERRE, d'Ottawa, m'a fait parvenir cette lettre ouverte qu'elle a envoyée à la ministre Liza Frulla, ministre responsable de la Condition féminine.
"Madame Frulla, j'ai reçu cette semaine par la poste une publicité de Bell Sympatico qui m'a fait bondir d'horreur.
Il s'agit d'un dépliant sur la couverture duquel figure une page d'un livre d'anatomie, intitulée "The Female Body". On y voit une illustration d'une femme nue, de style tout ce qu'il y a de plus scientifique, avec, en marges, des agrandissements de plusieurs parties internes de son corps: cerveau, foie, reins, etc.
Le clou de l'histoire: les seins, le vagin, les ovaires et l'utérus ont été découpés; on peut voir au travers. Le texte qui accompagne ce carnage se lit comme suit: "You'll do anything to protect your kids from inappropriate content. So will we."
En d'autres termes, les éléments jugés "indécents" du corps de la femme ont été carrément extirpés. On l'a dépecée comme un vulgaire gigot.
C'est qu'il ne faudrait surtout pas que des enfants voient, ni même devinent, des seins, un vagin, et – oh horreur! – des ovaires et un utérus. Ils pourraient en être traumatisés à vie, les pauvres petits.
Voilà le message absurde que laisse entendre cette publicité…
Et quel message véhicule-t-elle justement aux enfants, ceux qu'elle clame vouloir protéger? Que le corps de la femme est un objet de honte, et que les organes qui la distinguent de l'homme sont indécents. Quelle image auront de leur corps les petites filles qui verront ce prospectus profondément misogyne? Qu'il est impropre et impur. Qu'il est pornographique.
Toutes les femmes de mon entourage avec qui j'ai parlé de cette publicité se sont dites outrées et choquées du fait que Bell ait eu le droit de publier un prospectus aussi haineux envers les femmes et la féminité. Je vous demande donc, madame Frulla, aux noms de toutes les femmes dont vous êtes chargée de défendre la condition, d'user de votre pouvoir pour exiger que Bell publie des excuses officielles et retire immédiatement ces publicités offensantes de la circulation."