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Grève étudiante: je les appuie, mais…

Un courriel de BENOÎT J.:

"Je comprends les étudiants qui font la grève. Si j'avais leur âge et leur expérience de vie, j'aurais probablement voté pour moi aussi puisque la coupure de 103 millions de dollars est la pire solution que le gouvernement pouvait choisir en raison de son effet régressif, puisque ça signifie que les étudiants ayant le moins de revenus doivent ainsi débourser un montant proportionnellement plus élevé que ceux bénéficiant de davantage de ressources.

Mais je suis en fin de trentaine et j'ai dorénavant une vision légèrement différente de la question.

Toutes mes études de baccalauréat et de maîtrise, je les ai faites à l'aide des prêts et bourses et des petits revenus que m'assuraient les emplois d'été, et parce que je limitais mes dépenses et que je faisais des sacrifices.

J'ai ainsi terminé ma maîtrise en 1995 avec une dette de près de 25 000$. Je n'ai pas encore terminé de la rembourser mais je ne la regrette pas.

Depuis deux ans, j'effectue un retour aux études à temps plein pour faire un doctorat, que je finance par de l'assistanat de recherche et des corrections d'examen.
Encore une fois, je limite mes dépenses: ma voiture actuelle date de 1992, je n'ai plus de téléphone cellulaire, je prends l'autobus pour me rendre à l'université et j'apporte mon lunch à tous les jours.

Et, même si je suis bien conscient que ce n'est pas le cas de tous les étudiants et qu'il y en a qui mangent souvent du macaroni au fromage et qui se trimbalent en autobus, je suis à tous les jours surpris de voir le nombre d'étudiants vêtus à la dernière mode, un téléphone cellulaire à lahanche, qui descendent de leur voiture récente stationnée dans un des stationnements (toujours pleins) de l'université en jasant du dernier cd acheté, de la sortie de la veille ou du voyage prévu pendant la semaine de relâche.

Vous allez me dire que je suis réactionnaire, que ce ne sont que des clichés et que la réalité de la majorité est autre. Peut-être.
Mais une chose est certaine: les étudiants d'aujourd'hui, qui sont en début de vingtaine, ont grandi dans une société de (sur)consommation où les sacrifices et l'épargne ne sont pas les principales vertus.

S'ils accordaient à l'enseignement collégial et universitaire la valeur qu'il a, ils comprendraient que les sacrifices vallent la peine et que l'endettement peut être nécessaire à l'acquisition d'une éducation.

Cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas raison de critiquer la décision du gouvernement. Je veux juste dire que tout n'est pas toujours noir ou blanc et que les torts ne sont pas toujours d'un seul côté."