Chronique que j'ai publiée en août 1994 (Zozos à vélo):
Jeudi dernier, neuf heures du matin. Je roule en auto rue Bernard. Arrivé près de Saint-Urbain, un cycliste me coupe soudainement sur la droite. Je freine subitement pour ne pas le frapper, puis klaxonne un petit coup afin de le prévenir. Le cycliste se retourne et m'envoie un finger.
Vendredi après-midi, deux heures. Je roule en auto rue Rachel, lorsqu'un cycliste débouche soudainement d'une rue transversale. Je freine subitement pour ne pas le frapper, puis klaxonne un petit coup afin de lui signaler qu'il n'a pas fait son stop. Le cycliste se retourne et m'envoie un finger.
Dimanche soir, sept heures. Je roule en auto rue Querbes, direction sud (comme il se doit), quand une cycliste toute vêtue de noir apparaît soudainement devant mon auto. Je freine subitement pour ne pas la frapper, puis klaxonne un petit coup afin de lui signaler qu'elle circule dans le mauvais sens. La cycliste se retourne et m'envoie un finger.
Etc., etc.
Ç'a été comme ça tout l'été. Des cyclistes qui roulent dans le mauvais sens, qui ne font pas leurs stops, qui passent sur les rouges, qui coupent les autos sur la droite, qui se foutent du Code de la route comme de l'an quarante…
Et qui vous font des fingers si jamais vous osez les critiquer.
Je sais, je sais: de quoi je me plains, hein? Après, tout, je suis un méchant automobiliste pollueur qui détruit les arbres, écrase les petites vieilles, fait peur aux enfants… Pourquoi m'attaquer ainsi à de braves cyclistes musclés et écolos qui sacrifient leurs mollets pour le mieux-être de la planète?
Qu'est-ce que j'ai à crier, avec ma grosse bedaine, mes pneus radiaux, mon dé en minou, mes cassettes huit pistes de Gloria Estefan, et mes autocollants de Frontier Town et du parc Safari?
Rien.
Rien, sauf que le prochain cycliste qui m'envoie un finger après avoir fait une connerie recevra un missile nucléaire dans le cul, gracieuseté d'un méchant pollueur écraseur de petites vieilles.
Bon, d'accord, j'exagère. Ce ne sont pas tous les cyclistes qui roulent comme des tartes. Et certains automobilistes sont particulièrement vaches (et dangereux) avec les amateurs de vélo. Mais voilà, si les cyclistes veulent qu'on les prenne au sérieux, il faudrait qu'ils commencent par respecter les règlements de la route. Les panneaux de circulation ne s'adressent pas seulement aux conducteurs de Camaro ou aux chauffeurs de dix-huit roues; ils s'adressent aussi aux gentils cyclistes écolos.
Selon la Société d'assurance-automobile du Québec, la responsabilité des accidents impliquant un cycliste et un véhicule incombe au cycliste dans 60 % des cas. Même la direction de Vélo-Québec admet que plusieurs cyclistes «conduisent tout croche» et ne respectent pas les règles les plus élémentaires de la circulation (La Presse, 16 août).
Qu'est-ce qu'on fait, pendant ce temps? On se demande si oui ou non le port du casque devrait être obligatoire pour les cyclistes…
Comme s'il y avait une différence entre un cycliste imprudent avec un casque, et un cycliste imprudent sans casque.
Comme si le fait d'avoir du plastique sur la tête vous rendait soudainement plus intelligent…
«Le vélo est un moyen de transport comme les autres», clament les cyclistes. Je veux bien. Mais que les flics traitent les cyclistes de la même façon qu'ils traitent les automobilistes et les motocyclistes, alors.
Qu'ils leur collent des contraventions lorsqu'ils grillent un feu rouge, "oublient" de faire leur stop sur le coin des rues, et circulent dans le sens contraire du trafic.
Après tout, c'est bien beau, les droits des cyclistes. Mais il y a aussi les devoirs.