Dans Le Devoir d'aujourd'hui, on apprend (sous la plume de la journaliste Louise-Maude Rioux Soucy – ouf!) qu'un groupe de femmes réclame que l'on célèbre la diversité.
«En Amérique du Nord, 95 % des femmes ne correspondent pas aux normes de beauté, qui sanctifient minceur et jeunesse éternelle, lit-on. Résultat: un sentiment d'insatisfaction grandissant sourd dans les chaumières, sans que personne ne s'en émeuve. Mais le Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASF) entend bien porter cette grogne sur la place publique afin d'imposer un modèle où beauté rimera désormais avec diversité.»
Bref, ce groupe demande que les médias présentent une autre image des femmes. Qu'ils montrent des femmes plus rondes, moins jeunes, moins Barbie.
Cette histoire me fait penser à une conversation que j'ai eue il y a quelque temps avec la rédactrice en chef d'un magazine féminin.
Chaque jour, elle recevait des lettres et des courriels de femmes demandant que son magazine cesse de mettre des femmes «parfaites» sur sa couverture. «On veut des femmes plus enrobées, moins maigrichonnes, plus matures», écrivaient ces dames.
Or, un jour, la rédac en chef a effectivement mis une femme un peu plus rondelette sur la une de son magazine, histoire de faire plaisir à ses lectrices. Vous savez quoi? Les ventes ont été désastreuses! En fait, ce numéro fut celui qui s'est le moins vendu de toute l'histoire du magazine.
Les femmes ne l'ont tout simplement pas acheté.
Se pourrait-il que les femmes soient hypocrites? Qu'elles veulent (elles aussi) rêver? S'évader?
Qui achètent des livres de cuisine? Les femmes. Qui achètent des magazines de beauté? Les femmes. Qui achètent de la petite crème anti-ride à 300 $ la bouteille? Les femmes. Qui tripent sur les régimes-minceur? Les femmes.
Tous les magazines de femmes traitent de ces sujets. Pourquoi? Parce que les femmes en mangent!
Si les femmes tripaient sur la mécanique quantique, les magazines féminins traiteraient régulièrement de mécanique quantique. Les éditeurs ne sont pas là pour "manipuler" les lectrices et leur "laver" le cerveau, mais pour leur donner ce qu'elles veulent.
Et qu'est-ce qu'elles veulent? Des produits de beauté, des tests psychologiques, de la mode, des trucs pour perdre du poids et des photos de souliers. Beaucoup de photos de souliers.
(En passant: c'est quoi, le trip des souliers? Pourquoi AUCUNE femme n'a jamais assez de souliers dans sa garde-robe? Existe-t-il une explication freudienne de ce phénomène?)
Et cessez de dire que si les femmes lisent ce genre de publications, c'est parce qu'elles sont manipulées! Les femmes ne sont pas connes, elles sont capables de penser par elles-mêmes et de prendre des décisions!
Dire le contraire, c'est faire preuve de condescendance.