BloguesRichard Martineau

La télé est frileuse!

Une réaction d'ÉVELYNE ASSELIN aux propos d'YVES BOLDUC sur les Boomers qui s'accrochent (voir "Il faut savoir quitter la table…")
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"Je crois malheureusement que M. Bolduc oublie deux facettes importantes des médias dans son raisonnement, celle de l'argent et celle des téléspectateurs.

Que nous le voulions ou non, nos médias sont axés sur le profit avant tout, et le profit vient avec les côtes d'écoute.

Si Bernard Derôme est encore à la barre du téléjournal de Radio-Canada, ce n'est pas réellement un passe droit parce qu'il a déjà été bon; c'est que la société d'État n'a pas été en mesure d'accepter une baisse de l'audience à court terme afin de former la relève et laisser le temps à ses téléspectateurs de s'habituer à un nouveau visage.

La SRC ne rend pas hommage à son talent, elle ne fait que l'user jusqu'à la corde parce qu'elle tient mordicus, à court terme, à rester dans la course pour le bulletin de nouvelles le plus regardé. Dans quelques années, ils le payeront très cher puisque Derôme n'est pas immortel. Les dirigeants ont seulement reporté à plus tard le problème.

Si Mme Bertrand vient d'hériter d'une émission, ce n'est pas pour la remercier de toutes ces années qu'elle a donné à la télévision québécoise.
Mme Bertrand vient de sortir un livre qui se vend bien. De plus, elle a fait une sortie à Tout le monde en parle, regardée par deux millions de personnes, sur son inemploi en raison de son âge.
Plusieurs se sont levés pour dire comment cette situation était inacceptable. TVA lui donne une émission, assuré qu'elle sera regardée par un grand nombre de gens qui vont y évacuer leur culpabilité: je ne souffre pas «d'âgisme», j'écoute Mme Bertrand!

Son petit tour de piste va durer quoi, un an ou deux? Le temps que le phénomène passe et que les côtes d'écoute ne correspondent plus aux exigences des actionnaires de TVA.

Ce n'est pas la faute à Derôme ou à Mme Bertrand s'ils sont encore à l'écran, c'est la télévision québécoise qui est frileuse face à l'innovation, qui a peur de prendre des grands risques parce qu'ils désirent garder leur satané côtes d'écoute et qu'ils n'ont pas de vision à moyen ou long terme.

On ne peut condamner quelqu'un parce qu'il prend ce qu'on lui offre. Merde, ils ont supplié à genoux Bernard Derôme pour qu'il sorte de sa retraite et reprenne l'antenne!

Finalement, nous avons ce que nous méritons comme télévision. Puisque les côtes d'écoute sont reines, peut-être que si les gens regardaient des émissions innovatrices comme Bunker le Cirque, ou à contenues, comme Zone Libre, au lieu de Virginie et Nos Étés, les réseaux seraient plus portés à faire confiance aux jeunes qu'à rappeler leurs souvenirs du grenier."