Une réaction de CHANTAL ROUSSEL à mes propos sur le racisme inversé:
"Monsieur Martineau, prétendez-vous que l'origine ethnique n'affecte en rien le travail artistique des individus? Quand vous avez visionné "X" de Spike Lee, ça ne vous a jamais traversé l'esprit que sa perspective était un peu teintée par son ethnie dite african-american? Ses films sont bons parce qu'il a du talent, bien sûre, mais un peu aussi parce qu'il sait traduire au cinéma sa réalité à lui, celle d'un Noir américain, qu'aucun Blanc ne saurait transmettre avec la même puissance.
Même si les films de Spike Lee ne traitent pas tous d'un thème racial, son origine culturelle affecte tout ce qu'il est, et tout ce qu'il fait, non?
En outre, la discrimination positive est un procédé qui permet d'augmenter l'accès des groupes minoritaires généralement défavorisés à diverses possibilités (emplois, services, subventions, bourses, etc.). C'est une façon de faire qui en choque plusieurs, mais je crois qu'elle tient davantage compte de la réalité telle qu'elle est vécu, que de la vision idéaliste que nous avons de l'intégration des minorités.
La réalité, c'est que notre origine ethnique, ou toute autre facette de notre identité culturelle, affectera notre vie toute entière et notre vision du monde. Le modèle d'intégration des États-Unis, le fameux melting pot, est-il plus convenable? Je ne crois pas."
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Ma réponse:
Vous dites que Spike Lee "sait traduire au cinéma sa réalité à lui, celle d'un Noir américain, qu'aucun Blanc ne saurait transmettre avec la même puissance…"
Est-ce à dire qu'il faut être un Noir pour faire un film sur le racisme, une femme pour faire un film sur le féminisme et un handicapé pour faire un film sur les handicapés? Je ne le crois pas.
Au début, c'est le cinéaste d'origine canadienne Norman Jewison qui devait réaliser la biographie de Malcolm X. Mais Spike Lee est monté sur ses grands chevaux, et il a dit que ça prenait absolument un réalisateur noir pour faire ce film. Selon lui, aucun cinéaste blanc ne pouvait faire un bon film sur Malcolm X.
Ce qui est une bêtise absolue, convenez-en! Spike Lee a utilisé les arguments de la race pour remporter le contrat, c'est tout.
Quand Spike Lee dit que ça prend un cinéaste noir pour faire un film sur le racisme, c'est LUI qui est raciste! Il juge les individus par la couleur de leur peau, et non sur la base de leurs talents. Mais c'est un racisme qui l'arrange…
The Killing Fields (La Déchirure) est un film extraordinaire sur le génocide cambodgien; pourtant, il n'a pas été réalisé par un asiatique!
En passant, louez Mo' Better Blues, de Spike Lee. J'ai rarement vu un film aussi raciste. Lee dépeint les proprios du bar (qui sont Juifs) comme deux pégreux huileux qui ne pensent qu'à l'argent et qui seraient prêts à vendre leur mère pour faire une piastre. Le cliché parfait du Juif…
Si un cinéaste juif avait osé dépeindre des personnages noirs avec autant de mépris, et de façon aussi caricaturale, Spike Lee aurait crié au racisme.