Ainsi, ça chauffe dans le secteur de la fonction publique.
Comme d'habitude, on va avoir droit à des débats hyper polarisés. D'un côté, l'habituel chiâlage anti-syndical (c'est-tu épouvantable, ces maudits fonctionnaires-là qui se pognent le beigne jusqu'à 65 ans…). De l'autre, le traditionnel plaignage des grandes centrales (les fonctionnaires sont des travailleurs exploités, etc.)
Et comme d'habitude, la réalité se situera quelque part entre ces deux extrêmes.
Premièrement, le mot "fonctionnaire" recoupe une réalité large, très large. Les profs sont fonctionnaires. Les gars qui prennent notre photo à la SAAQ itou. Or, il y a une maudite différence entre les uns et les autres. Les profs sont-ils mal payés? Bien sûr que oui. Mais les gars qui prennent notre photo à la SAAQ en buvant un ti-café? Pas sûr.
Que les profs demandent plus (plus de spécialistes, plus d'effectifs, plus d'argent), je comprends. Après tout, ils ne lavent pas des bureaux, merde, ils s'occupent de nos enfants! Mais quand j'entends le pousseux de crayons du Bureau 2345-1 du sous-ministère Machin se plaindre, là, j'avoue que je suis un peu moins compréhensif.
J'ai de la difficulté avec l'idée qu'il existe DEUX catégories de travailleurs. Ceux du secteur public, qui doivent être protégés ad vitam éternam, et ceux du secteur privé, qui peuvent être éjectés au moindre coup de vent.
Pourquoi cette division?
Je m'excuse, mais la sécurité d'emploi, je n'ai jamais connu ça, et je ne connaîtrai jamais ça. C'est le lot de la plupart des gens de ma génération (et de la génération qui suit…). Quand je vois un pousseux de crayon confortablement assis sur sa sécurité d'emploi pleurer sur son pôvre sort, je n'ai pas vraiment le goût de lui tendre un mouchoir.
Pourquoi LUI serait-il protégé, est pas l'autre travailleur, qui fait exactement la même chose, mais dans un bureau privé?
D'un autre côté, je trouve que le secteur privé abuse. On peut perdre son boulot à la moindre fluctuation de température. Tu as un nouveau patron et il ne t'aime pas la face? Tu ne veux pas travailler jusqu'à 19 hres tous les soirs? So long Charlie!
La surprotection n'est pas une solution. Mais la sous-protection non plus. Malheureusement, l'entre-deux se fait rare. C'est tout l'un, tout l'autre. Fonctionnaire vissé à son bureau jusqu'à sa retraite dorée, ou travailleur jetable qui ne sait jamais quand il perdra son emploi, et qui se cramponne nerveusement à sa chaise en espérant qu'il tiendra encore deux ans.
D'un côté comme de l'autre, c'est inacceptable. Quand ce n'est pas le monde syndical qui exagère, c'est le patronat qui pousse le bouchon un peu trop loin.
Peut-on svp faire preuve de mesure, de jugement et de réalisme?