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Pétrole – réactions (1)

GENEVIÈVE MARLEAU:

"Je fais partie des rares citoyens qui se réjouissent de la hausse du prix de l'essence. Quand je vois ces gens donner à boire à leur gros SUV et rager parce que l'essence est à 1$, je jubile! Qui a besoin d'un SUV, sincèrement? Ils devraient être interdits, tout simplement.

SVP ne tombez pas dans le piège de bien des gens qui croient que le pétrole est le problème et que l'auto électrique (ou à hydrogène, etc.) est la solution. Le problème, c'est pas le pétrole, c'est l'auto. Même si les autos ne polluaient plus, il resterait des centaines de répercussions: déchets industriels, pneus usés, accidents de la route, quartiers désertés, urbanisme à la "boulevard des Laurentides", transport inefficace et couteux, destruction des écosystèmes, perte de temps dans les bouchons, et compagnie."
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YVES BOLDUC:

"Les ressources fossiles ne sont pas éternelles. Nous le savons depuis toujours. Mais, comme nous sommes assez naïfs et plutôt irresponsables, nous avons cru que cela arriverait après nous, et nous en sommes complètement lavé les mains. Méchants loosers, vous dites? Pas de quoi être fiers, mettons.

Ça ne nous touchera pas qu'on s'est dit. Big deal! C'est le pétard à la farine de Bobinette qui saute à la figure de Bobino. On l'a tous vu venir et on ne l'a jamais trouvée drôle. Mais on nous la refait toujours et sans cesse. Et on trouve ça normal. Plate, mais normal.

Personne en âge de lire au Québec n'ignore que nous courrons à la catastrophe. Notre société entière repose sur l'énergie fossile, sur le pétrole. Et, bad news, ceux qui nous le fournissent sont nos ennemis.

Non mais, faut pas être Einstein pour comprendre qu'on est dans marde et pas à peu près. Quand ton pusher décide de te laver, vivement la désintox. Et c'est ça qu'il faudra faire. Une méchante détox collective.

Nous avons fait de la consommation du pétrole, un mode de vie. Même moi, qui conduit une Toyota verte, j'ai, à la maison, un foyer qui fonctionne au gaz. Je vis en ville, que voulez-vous, et le bois y est assez rare. Alors, je consume, comme tout le monde. Pour mon confort et mon plaisir. Et je ne me sens pas très concerné quand je me compare aux utilisateurs de VUS. Je me dis que ce discours ne s'adresse pas à moi.

Mais c'est faux. Il s'adresse premièrement à moi qui suis sensible à cette question. Le danger du discours sur les VUS, c'est qu'on pense que si nous n'avons pas de VUS, nous ne polluons pas. Et que les coupables c'est seulement les autres et pas nous. Assez déresponsabilisant, vous croyez-pas? Peut-être devrons-nous un jour choisir entre notre sécurité et notre futilité. Entre dormir au gaz et se réveiller."
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CHRISTIANE ROCHON:

"Je travaille sur le compte publicitaire d'un des géants de l'automobile dont vous parlez dans votre texte Maudit pétrole (3). Je suis devenue, par la force des choses, une pitoune de chars.

Au sein de mon équipe, on est tous d'accord pour trouver les VUS absolument inutiles en ville, et c'est d'un chic sans fin dans les 5 à 7 de cracher sur ces véhicules qu'on dit sport mais qui pourtant n'ont rien de sport pantoute. Des recherches sérieuses soulignent que les propriétaires de VUS ne sortent jamais de la ville et se servent de leur monstre à 4 roues pour trimbaler 2-3 sacs d'épicerie comme les autres. C'est une honte de conduire ces gigantesques horreurs à l'heure du protocole de Kyoto.

Bref, c'est chic et de bon goût, en 2005, de maudire les conducteurs de VUS parce que tout ce qui a trait à ces véhicules (leur production, leur consommation éhontée d'essence, leur taille, etc.) est négatif. Tout.

Pourtant. c'est en se posant les fesses dans un de ces véhicules qu'on comprend qu'ils aient atteint un tel niveau de popularité.

Sur l'autoroute, on se sent invincible. Sur Ste-Catherine, les fenêtres baissés avec de la musique à fond la caisse, on se sent Hot Shot. Chez IKEA, quand, comme tout le monde, on sort du magasin avec 280 $ de stock dont on n'avait pas besoin au départ, on est vachement content de pouvoir rentrer les Bily dans le coffre. Quand il pleut des cordes à ne plus rien y voir, on se sent plus en sécurité que les écolos en Echo. Je ne parle pas ici d'un Hummer immonde. Je parle d'un VUS tout ce qu'il y a de plus banal.

C'est facile de critiquer les VUS (et il y a des tonnes de raisons valables pour le faire). Mais dans une société qui carbure à l'image, le véhicule devient une façon comme une autre de faire un statement.

Je veux montrer mon côté sensible, mon respect de l'environnement, mon souci des autres? Je conduis une Toyota Echo.

Je veux montrer que j'ai des sous, que j'aime le confort, que rouler est pour moi un réel plaisir, que le look m'importe pour démontrer ma puissance? Eh ben je chauffe un Jeep Grand Cherokee.

Cela dit, moi, je roule en vélo."