S'il y a quelque chose qui est difficile, en ce bas monde, c'est bien d'élever des enfants. Surtout dans le contexte actuel, avec les deux parents qui doivent travailler pour arriver à boucler leurs fins de mois, la compétition en milieu de travail, le stress, les heures de fou, les exigences de plus en plus élevées des patrons, et le milieu scolaire qui demande une participation accrue des parents.
Ça vous jette par terre en moins de deux.
Pas étonnant qu'il y ait autant de cas de burn-out et de dépressions, de nos jours: les gens veulent tout avoir. Une carrière extraordinaire, une sexualité éclatée, une vie sociale stimulante, des enfants bien élevés avec un agenda hyper chargé.
Avant, les gens n'essayaient pas de mener trois vies en même temps. Ils choisissaient. Ils prenaient A (une carrière enrichissante), C (une vie amoureuse passionnée) ou E (des enfants allumés inscrits à six activités parascolaires).
Aujourd'hui, tout le monde veut prendre F: l'ensemble de ces options. La carrière + le couple + la famille + le cul + la vie sociale, les cours de vin, les camps d'été, le gros salaire pour payer l'agrandissement de la cuisine et les vacances à Noël.
On se demande, après ça, pourquoi ça craque de partout!
Regardez autour de vous. De plus en plus d'enfants ont deux maisons, deux lits, deux chiens. On a l'impression que la garde partagée est en train de devenir la norme, la nouvelle façon d'élever des enfants.
Vos amis séparés ne vous le diront peut-être pas, mais plusieurs d'entre eux se sentent mieux dans leur peau depuis qu'ils voient leurs enfants à temps partiel.
Oh! Au début, c'est sûr, ils se sentaient coupables. Ils se trouvaient égoïstes, indignes, irresponsables. Mais après un bout de temps, leur culpabilité s'est résorbée, et ils ont commencé à voir le bon côté des choses.
Non seulement ont-ils plus de temps pour eux (pour se reposer, voir leurs amis ou mettre les bouchées double au boulot), mais quand ils ont leurs enfants, ils sont souvent plus patients, plus disponibles, plus présents qu'ils ne l'étaient auparavant. Ils ne se sentent pas toujours écartelés entre leurs obligations personnelles et les besoins de leurs bouts de choux.
Comme m'a dit un ami séparé: «Quand je suis avec mes enfants, je suis là à 100 %, je leur accorde toute mon attention. Et quand je ne les ai pas, j'ai l'esprit en paix, je peux sortir ou travailler toute la soirée sans me sentir angoissé, je sais qu'ils sont en sécurité avec leur mère, et non en train de se faire garder par le fils du voisin. Idem pour mon ex: quand elle a les enfants, elle est beaucoup plus calme, beaucoup plus disponible, parce qu'elle a pu prendre soin d'elle les soirs où les enfants étaient chez moi.»
Triste, comme constat? Sans aucun doute. Mais c'est la réalité. La vie est plus facile lorsqu'on élève des enfants à temps partiel. C'est le principe des vases communicants: quand l'un des parents bosse, l'autre souffle – et vice-versa. C'est comme si tout poussait les parents à se séparer.
«La garde partagée, c'est le meilleur des deux mondes, m'a dit une amie l'autre jour. Une semaine, je ne pense qu'à moi. La semaine suivante, je ne pense qu'à mes enfants.»
Je sais ce qu'elle veut dire. Après tout, je suis moi-même un père séparé, je ressens les mêmes choses. Mais ça ne m'empêche pas de me poser une question:
«Si c'est le meilleur des deux mondes pour les parents, est-ce automatiquement le meilleur des deux mondes pour les enfants?»
Entre vous et moi, je ne suis pas sûr de la réponse.