Un courriel de LAURE HENRI-GARAND, qui réagit à mes propos sur Montréal-Nord (voir: Encore la Cari-fiesta):
"Venant tout juste de lire votre entrée du 4 juillet sur la cari-fiesta, je me suis sentie un peu agressée par votre opinion qui me semble être un préjugé sur les habitants de Montréal-Nord.
Depuis près d'un an, j'habite dans le fin fond de Montréal, rue Langelier et Maurice-Duplessis, et on dirait que je me sens dans l'obligation de défendre ce petit bled qui m'a tout de même bien acueillie. Je suis consciente que la communauté noire n'aide pas sa cause ave ces démonstrations violentes, mais comme vous le savez, les gens qui ont commis ces gestes ne sont pas représentatifs de LA communauté noire!
Une de mes amies m'a déjà interdit de rentrer chez moi seule en autobus, parce qu'elle connaissait un gars qui lui avait raconté qu'à presque tous les soirs, des coups de feu étaient tirés dans les environs. Cette opinion m'a enragée parce qu'un an, je n'ai JAMAIS entendu aucun coup de feu dans mon voisinage.
Oui, la police se pointe une fois de temps en temps en face de chez nous, mais je vais vous dire que les gens qui me font le plus peur sur ma rue sont des Blancs, complètement B.S., avec seulement une dent, qui m'interpellent pour me dire que je ressemble à leur blonde. Mes voisins sont Haïtiens et ils ont déjà aidé ma mère à sortir sa voiture de la glace sous la pluie battante, alors qu'on ne se connaissait même pas.
De plus, au cégep de Marie-Victorin, vous devriez voir la quantité de personnes de couleur noire qui suivent des cours du soir. Pour moi, c'est une indication de bonne volonté, non?
Je sais que mes exemples sont très spécifiques, et que je ne connais pas la réalité de tout le Nord de Montréal, mais je voulais vous faire connaître mon Montréal-Nord à moi, pas celui des médias qui ne parlent que des mauvais coups qui s'y passent. Et lorsque vous écrivez: "C'est bien simple, il y a des quartiers, dans le Nord de Montréal, qui ressemblent à de véritables ghettos newyorkais. Plus moyen d'y foutre le pied sans risquer de se faire tabasser ou de recevoir une balle dans la tête", je trouve que vous y allez fort.
Ça m'attriste de voir que, comme la majorité des "centre-montréalais", vous pensez que le nord de Montréal est invivable."
________
Ma réponse:
Dans le cadre des Francs-Tireurs, mon ex-collègue Benoit Dutrisac a fait un topo sur Montréal-Nord. Des policiers lui ont dit que c'est effectivement le quartier le plus violent de l'île. Ça vous choque peut-être, mais c'est la réalité.
Benoît s'est pointé à Montréal-Nord en plein après-midi, et il s'est fait harceler par des membres d'un gang de rue qui voulaient lui péter la gueule. En pleine journée! Les flics lui ont dit que se promener dans ce quartier est TRÈS dangereux, et qu'on peut se faire battre pour des peccadilles – comme na pas porter les bonnes couleurs, par exemple.
De plus, le chanteur Luck Merville, qui fait beaucoup de bénévolat auprès des jeunes Blacks, nous a dit que Montréal-Nord est effectivement un quartier chaud, fréquenté par des gangs de rues qui se tirent régulièrement dessus. ("Là-bas, c'est le Far West.")
En passant, s'extasier devant le fait que des Noirs vont à l'école, c'est pas un peu condescendant?
vous ne pouvez rien dire sur Montréal-Nord quand vous n’y vivez pas dedans. Je vis a Montréal-Nord depuis 6 ans juste une rue en arrière de langelier et jamais de ma vie j’ai entendu un coup de feu . La seul chose qui est arrivée de grave ses au tournoi de basket ball au parc st-laurent quand une gang a battu la police , ce qui arrive souvent dans les places ou il y a beaucoups de gens , mais ses choses sont tellement rien a comparé a se que peut faire les hells angels. Dites moi, ou habite les hells angels ? a Montréal-Nord ???? Non je ne pense pas hein .
Voilà près de 15 ans que mon meilleur ami habite Montréal-Nord. Ce n’est pas le coin ou il me laisserait sortir seule le soir. Il y a des gens bien là-bas, certes, mais la mentalité du coin est assez violente. Les jeunes ont grandi dans l’espoir de se bâtir un monde « meilleur » rempli de cash et de sexe. Certains s’en sortent plutôt bien mais bon nombre d’entre eux « s’éclipsent » de la société. On parle ici de gangs de rue, constitués de jeunes: du Québec à la Thaïlande en passant par l’Amérique centrale et plus… Ces jeunes grandissent dans des familles souvent fermées d’esprit et ultra-strictes. Résultat? Ils n’ont qu’une seule envie: sortir de cette galère, style de vie qui leur empêche toute liberté. Des plus vieux expérimentés leur font miroiter les beaux côtés de la vie de gang, le cash, les femmes, la vie facilement gagnée sans besoin d’étudier. Quand je dis que je connais personnellement un mec de 18 ans qui roule en Ford Explorer de l’année mais qui reste dans un 4 1/2 dans le ghetto, c’est parce que c’est là-bas que ça se passe! C’est là-bas que le trafic de drogue se fait! Alors à ceux qui se demanderont pourquoi ils n’habitent pas une immense piaule à Westmount, je leur répondrai que ce n’est pas là que se passe l’action, leur vie.
Le rythme de vie d’un gangster est un rythme « corde raide ». L’été, il y a de l’action, dans les rues le soir, le trafic de drogues, la prostitution et j’en passe… Le problème c’est que les membres de gang ont de plus en plus tendance à attaquer pour des riens, tant le niveau de tension est élevé. On ne se bat plus d’homme à homme. Si un tel dit la moindre niaiserie contre un gars, c’est la clique au complet qui va venir péter la gu…. à l’autre. Plus moyen de répliquer même lorsqu’il y a véritable injustice: exemple se faire ordonner de se lever de son banc d’autobus pour céder la place alors que le bus est vide, sous menace de se faire casser. Et la menace n’est pas lancée en l’air…voyez le genre? À vous de juger…