Un message de CAROLINE RODGERS. Inutile de dire que je suis tout-à-fait d'accord avec elle.
"Comme ils sont condescendants, prétentieux et superficiels ces gens qui se croient moralement et intellectuellement supérieurs parce qu'ils écoutent telle émission de télévision ou tel style de musique, parce qu'ils lisent tel livre ou qu'ils achètent telle marque de produit, parce qu'ils fréquentent tel bar ou tel restaurant.
Et qui se permettent de juger de la valeur des autres en se basant sur leurs choix consommation, culturels ou autres.
Mais DE QUEL DROIT?
Dis-moi ce que tu consommes et je te dirai qui tu es, c'est ça?
Il faut avoir une personnalité vraiment insignifiante pour se ressentir le besoin de se forger une identité en se basant sur un livre ou une émission de télé.
"Je suis supérieur parce que je lis le dernier Goncourt et tu es inférieur parce que tu lis un bestseller américain. Je suis supérieur parce que je bois de la bière artisanale et que tu bois de la 50. Je suis supérieur parce que je regarde ArtTV et que tu regardes Star Académie. Je suis supérieur parce que je bois du café équitable et que tu bois du Tim Horton."
Tout ça, c'est du néo-puritanisme. On peut aimer les blockbusters ET le cinéma de répertoire. Aller chez McDo ET dans un resto branché. On peut avoir des moments de délire quétaine et s'acheter le dernier album de Britney Spears sans que cela ne fasse de nous un attardé mental.
On peut même écouter CHOI FM sans que cela fasse de nous un fasciste inculte! Et on peut aussi aimer la musique classique et être un salaud. Les nazis en sont la preuve: ils adoraient les arts.
Quand à vouloir imposer des choix de consommation culturelle à ses enfants en croyant que cela va leur inculquer des valeurs, c'est selon moi tout-à-fait anti-pédagogique.
Pour qu'un enfant développe ses goûts et sa personnalité propre (et non être une copie conforme de son parent narcissique!) il doit pouvoir avoir accès à une variété de choix de musique, de livres, d'émissions de télévision. Il fera le tri par lui-même en vieillissant, croyez-moi.
C'est vraiment manquer de confiance en soi que de vouloir décider des goûts de son enfant à sa place, juste parce que ça nous insécurise qu'il soit différent de nous. C'est en le laissant choisir parmi tous les styles qu'il deviendra (contrairement à ses parents élitistes snobs et bouchés) OUVERT D'ESPRIT."
Ca fait 4 ans que ce commentaire a été écrit mais je me dois de répondre.
Je pense que je n’ai jamais vu une telle suite de raccourcis et de simplifications dans un même texte. M. Martineau, Mme Rodgers, vous sentez-vous menacés, attaqués? Vous sentez-vous diminués? Je ne vois pas comment. Vous empêche-t-on d’apprécier votre McDo, vos blockbusters et votre Star Académie? À moins que ce ne soit le cas, laissons de côté les références historiques oiseuses au nazisme et à la musique classique.
« On peut même écouter CHOI FM sans que cela fasse de nous un fasciste inculte! »
Je suis d’accord avec vous, à savoir qu’écouter CHOI ne fait pas de vous un fasciste. Mais… avez-vous vérifié la définition du mot « fascisme » dans un dictionnaire? Vous devriez peut-être avant de l’utiliser.
CHOI ne vous rend pas inculte, certes. Cela enrichit l’auditoire d’inepties parfois injurieuses, c’est différent, nous sommes bien d’accord.
Le fond de votre propos est juste, à mon sens, à savoir qu’il ne faut pas instaurer une dictature du bon goût, des bonnes valeurs ou autres. Cependant, le ton arrogant que vous employez, et les analogies douteuses (nazis+ art = preuve que les gens qui aiment la musique classique peuvent être des salauds) aux conclusions stériles ternissent le message.
L’ouverture d’esprit ne commande pas nécessairement le silence face à l’acculturation, la malbouffe ou l’absence de contenu d’émissions de télé. Elle ne commande pas non plus la condescendance envers les gens qui aiment Britney. Elle commande, selon moi, la retenue et l’opinion informée et critique. L’énumération de critiques stériles n’aide pas la cause de l’ouverture et renforce l’idée erronée selon laquelle le commentaire critique est nécessairement simplificateur, agressif et anecdotique.