Désolé pour mon absence au cours des derniers jours, j'étais débordé. Mais je reviens en forme, avec des réactions aux propos que Paul Arcand a émis à mon émission de radio (La nouvelle religion).
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FRANÇOIS MARCOTTE:
"Au sujet des communautés ethniques, le dit soutien ne cacherait-il pas parfois la loi du silence?"
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DAVID LÉPINE:
"Très intéressants, ces commentaires de M. Arcand. Cela se compare un peu à l'engouement qu'ont les Québécois pour la SAQ. Pensez-y un peu. Quelle logique peut justifier que l'État distribue des produits de consommation courante? Eh oui, nombreux sont les Québécois qui défendent la SAQ bec et ongle.
Si la même logique primait, l'État devrait distribuer la nourriture aussi – c'est quand même plus important que l'alcool, non? Pourquoi pas les médicaments, tant qu'à y être?
En fait il n'y a aucun argument justifiant l'existence de la SAQ autre que la religion de l'État québécois. Même Bernard Landry abondait en ce sens l'autre jour en déclarant que les commis de la SAQ avaient grandement contribué à notre culture, en nous conseillant des vins alors que les Canadiens, eux, boivent du scotch (ce qui les rend inférieurs…)!"
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CHARLES BASENGA KIYANDA:
"Très intéressant comme commentaire, en effet. Toutefois, est-ce vraiment une affaire de religion? Même si j'ai été élevé au Canada, je considère toujours que les enfants de mes frères sont les miens aussi.
Je me sens responsable de leur éducation et s'il fallait qu'il arrive quelque chose à leurs parents, ce serait ma responsabilité de les élever chez moi comme les miens.
C'est une responsabilité morale que je vois dans ma communauté africaine (ou d'origine africaine, comme vous voudrez) et personne n'a jamais justifié ça en parlant du bon dieu. Ils disent tout simplement: "On ne peut pas faire autrement."
Je crois bien que cette responsabilité était présente avant que les colonisateurs amènent les différentes grandes religions monothéistes en Afrique. Une petite précision, mais je suis malgré tout complètement d'accord que l'État a déresponsabilisé les Québécois (et peut-être d'autres aussi).
Je me demande s'il y a d'autres pays ou on a autant recours à des services équivalents à la DPJ? Observe-t-on le même problème en France? Serait-ce une prédisposition des francophones? Est-ce que le problème est présent partout en Europe? (Et alors ce serait un problème de socialisme…)
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NELSON LAMOUREUX:
"Lire votre commentaire sur la nouvelle religion m'a fait penser à tout un tas de choses qui me tiennent à coeur. Laissez-moi vous expliquer.
Je vis et travaille au Nunavik depuis maintenant cinq ans. À Kangiqsualujjuaq pour être plus précis. J'y enseigne avec un certain plaisir plusieurs matières au niveau secondaire. Je dois faire affaire avec des jeunes tous les jours de l'année. De jeunes inuit (on dit un inuk, des inuit, c'est pluriel, mais sans «s»).
Vous pouvez me croire si je vous dis que j'ai à coeur les jeunes et leur santé, autant physique que morale.
Or, lorsque vous rapportez les paroles d'Arcand, je me dois d'émettre par rapport à cette remarque. Les parents, de même que toute la famille élargie ou pas ne sont pas toujours les meilleurs pour protéger les intérêts de l'enfant. J'ai été témoin ici, au cours des années, d'un certain nombre d'aberrations en ce qui a trait à la soi-disant famille élargie: des parents qui se protègent entre eux et qui refusent d'admettre leurs responsabilités dans des cas d'abus et de violence à l'égard d'enfants.
Il y a d'ailleurs eu un rapport d'enquête dernièrement suite à une plainte à ce sujet.
Le but de mon intervention n'est pas de dénoncer cet état de fait. Je le fais chez moi, dans ma communauté, régulièrement et je continuerai de le faire. Si je vous écris, c'est pour soulever le questionnement suivant: les inuit demandent à ce qu'on respecte leur culture, leurs traditions, etc; doit-on s'immiscer dans les affaires familiales ou doit-on les laisser s'enliser dans leur propre boue jusqu'à ce qu'un d'entre eux se lève et dise que c'est assez?
Autrement dit, doit-on les laisser dans leur merde ou doit-on les aider à s'en sortir malgré eux? Parce que tenter de répondre à cette question n'est pas si simple que ça. Ça fait cinq ans que je vis ici et je n'ai toujours pas trouvé la «bonne» réponse.
Dans un cas, on se fait traiter de colonisateur, et dans l'autre, de sans coeur. Méchant dilemme!"
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MICHEL DÉSY:
"Intéressants, les propos de Paul Arcand? Pas vraiment. Surtout lorsque la prémisse est fausse. Il est vrai que dans certaines communautés, la famille élargie prend plus de place que dans la famille typique québécoise née ici.
Mais si bon nombre de communautés immigrantes font peu appel aux services de santé, c'est plutôt parce que les services sont souvent mal adaptés à desservir correctement cette clientèle (pour toute sorte de raisons), et les premiers qui s'en rendent compte, ce sont ces communautés.
Et si les services sont mal adaptés à cette clientèle, c'est en partie parce qu'on se complait à dire que les immigrants sont peu intéressés à les utiliser. On dort mieux comme ça."
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STÉPHANE LESSARD:
"C'est pas nouveau comme observation. L'État pour le Québec "blanc francophone" est l'enjeu de presque toutes les élections depuis 35 ans! Les Québécois sont de véritables "junkies" de l'intervention étatique: ils s'endettent pour se payer leur drogue.
C'est la toute l'histoire du Québec moderne: l'Identité par l'État, vendue par les syndicats, l'amour des supers services (baptince, il faudrait ben un jour qu'on me dise qu'est-ce qu'il y a de plus en termes de services, ici?), et la fuite par en avant en mettant l'hypothèque du "fix" d'étatisme sur 100 ans, histoire que les petits-petits-petits enfants finissent par payer la note.
L'important, c'est de tripper fort et de se prendre pour de grands sociaux-democrates. À part les républiques de bananes, on fait pas l'envie de ben du monde. Surtout pas de ceux qu'on a tenté de copier…
Le pire dans tout cela sont que les fameux "services" bénéficient surtout à ceux qui ne paient pas. Parlez-moi d'une justice sociale royale!
Nous voici donc dans une société qui s'est déresponsabilisée, qui a donne ses enfants à l'État, ses vieux parents à l'État et le contrôle de sa société et de ses rêves à l'État.
On se prendra ensuite à rire des Anglais et des Américains: le Quebec est tellement une réussite! Allez voir les enfants de ces personnes âgées "placées" en foyer d'acceuil: ils s'insurgent devant le manque de ressources dans les centres. C'EST LEURS PARENTS, PAS DES ARTEFACTS DE LA SOCIÉTÉ! S'ils ne sont pas contents, qu'ils s'en occupent!
Mais, oh, que dis-je? Prendre une responsabilité? Aye, on paye des taxes icitte, que l'État s'en occupe…
Parlez-en aussi aux enfants du documentaire d'Arcand, ils vont vous dire ce que c'est d'avoir sa vie re-destructurée par des gratte-papiers et de plus tard payer des impôts pour verser des salaires a ceux qui ont failli à les proteger! Ça doit leur tenter en maudit!!!"