Plusieurs personnes m'ont écrit pour me demander ce que je pense du fameux Manifeste pour un Québec lucide.
Je réserve mes commentaires pour ma chronique du VOIR, qui sera publiée jeudi.
En attendant, voici des réactions à mes propos sur les devoirs des enfants:
_______
NATHALIE SARRAZIN:
"Je suis toujours étonnée de lire que des parents passent deux heures par soir pour aider leurs enfants à faire leurs devoirs.
Ma fille a été transférée d'école cette année et je vois bien qu'à cette nouvelle école, la demande académique est plus grande qu'à son ancienne école qui était, selon les dires, l'une des pires écoles primaires de Laval.
J'ai la chance d'avoir une fille très brillante alors quand ça dépasse 20 minutes c'est que vraiment ça taponne et qu'elle n'est pas motivée ni en forme. Je crois aussi que certains parents veulent être plus catholiques que le Pape et passent tout au peigne fin sans oublier une petite poussière. Pourtant, ils ne se ramasseront pas en prison s'il y a des devoirs qui n'ont pas été faits!
Ma fille est en troisième année mais je me rappelle qu'en première, il y a deux trois fois où j'ai eu de la difficulté à lui faire faire ses devoirs. J'ai tout arrêté ça là, je l'ai envoyée se coucher et j'ai écrit une note à l'enseignante.
Je ne suis pas vraiment pro-devoirs mais comme cela ne me gruge pas vraiment de temps et que ça me permet de passer du temps avec ma fille, je serais bien folle de m'y opposer. Et je ne crois pas qu'il y ait plus de devoirs qu'avant. Je me rappelle qu'en première année (début des années 70), je faisais au moins 45-60 minutes de devoirs tous les soirs.
Ce que je dénonce, ce sont les bulletins insignifiants que nous envoie la commission scolaire. Comme il n'y a plus de chiffres ni de lettres, ça ne veut plus dire grand chose. Quossé que ça veut dire ça "L'enfant chemine de façon satisfaisante"?
Chaque fois que je reçois son bulletin, ça me fait penser à un épisode des Bougon où Mao recevait son bulletin et avait un soleil en français, un nuage en géographie et une demi-tarte aux fraises en mathématiques…
Ça dit bien ce que ça a à dire; le barème de notation ne veut plus rien dire du tout!"
__________
SIMON LACHAPELLE-ROBILLARD:
"J'ai lu avec intérêt votre texte (et les commentaires de vos lecteurs) sur les longs devoirs scolaires de votre fille cadette. Avoir à trimballer 12 cahiers, c'est beaucoup trop. L'école primaire actuelle semble avoir bien changé depuis 1989 (l'année de mes débuts comme élève)…
Deux heures quotidiennes de devoirs, j'ai connu ça. Sauf que, dans mon cas, ce n'était que dans les dernières années de mon secondaire…
J'ai 21 ans et je suis l'aîné d'une famille de quatre enfants. Mon plus jeune frère et ma soeur vont présentement à la même école secondaire (publique) que celle où j'ai étudié. Or, je remarque qu'ils ont très, très peu de devoirs! Les deux ont de bonnes moyennes dans les matières principales. En ce qui me concerne, mes bonnes notes étaient le résultat d'un constant et quasi obligatoire effort pendant et après les cours…
Faire des devoirs, ce n'est pas nécessairement agréable, j'en conviens. Par contre, avec le recul, je suis content d'en avoir eu, car c'est en bonne partie grâce aux devoirs que je n'ai pas oublié ce que j'ai appris. D'ailleurs, la satisfaction d'avoir bien fait son travail est excellente (on ne le dit pas assez)! Les essayistes anti-devoirs n'ont vraisemblablement pas réfléchi là-dessus…
Aujourd'hui, les devoirs sont indispensables et inéluctables. Ils ne sont pas en soi un problème. Le seul vrai problème est que les élèves travaillants ne soient pas assez encouragés et récompensés à l'école, et cela me désole."
_________
NORMAND PAQUET:
"Le but de l'éducation n'est pas de faire de l'enfant un citoyen (parfait petit consommateur docile). Le but de l'éducation est de faire des enfants heureux. Mais on a complètement perdu cette notion de l'être au profit de l'avoir. Il n'est donc pas surprenant de constater le malaise ambiant."
____
CAROLINE RODGERS:
"Mon fils a maintenant 17 ans, il est en secondaire 4 et toute sa scolarité a été un calvaire car il déteste l'école et les devoirs ont été la principale source de conflit dans la maison durant les 12 dernières années.
L'année dernière, je me suis dit qu'en secondaire 3 il était temps que je ne m'en mêle plus et que je le laisse gérer lui-même tout ce qui a trait à ses études car après tout ce serait lui qui en subirait les conséquences plus tard. J'ai aussi fait un choix: je considérais que c'était plus important d'avoir une bonne relation avec mon adolescent que d'essayer de le forcer à être un bon élève, ce qu'il ne serait jamais puisqu'il n'est pas fait pour entrer dans le moule de l'école. Après des années d'acharnement j'avais enfin accepté cela, même si c'était difficile pour moi puisque je valorise beaucoup les études. Finies les chicanes de devoirs! Mais c'était compter sans l'ingéniosité de son école qui a justement décidé de passer un nouveau règlement cette année-là!
Devant la quantité astronomique de devoirs non faits par les élèves, la direction a décidé que tout élève ne faisant pas un devoir serait dorénavant immédiatement expulsé de l'école! Mais pire, pour pouvoir revenir en classe, l'élève devait obligatoirement passer au bureau du directeur ACCOMPAGNÉ d'un parent. Chaque fois. Autrement dit, si mon fils ne faisait pas un devoir, JE devais manquer mon travail ou mes cours et aller au bureau du directeur avec lui, pour qu'il puisse réintégrer ses cours. Bravo! C'est le jeune qui fait une connerie et c'est le parent qui se tape la visite chez le directeur. Imaginez aussi le climat pourri à la maison chaque fois que ça se produisait. Et comme mon fils est l'antithèse de l'élève modèle, ça s'est produit souvent!
Je me suis révoltée contre cette règle vraiment stupide car je considère que ce n'est pas à moi d'être punie et de manquer mes cours pour aller au bureau du directeur, et que si mon fils ne fait pas ses devoirs on devrait trouver un moyen pour qu'il en subisse les conséquences à l'école sans que cela ait des répercussions sur la vie familiale (devenue atroce des suites de ce règlement odieux). Je pense qu'en adoptant un tel règlement, l'école s'est tout simplement débarassée du problème en le mettant sur les épaules du parent, la solution la plus facile. On déresponsabilise complètement le jeune en supposant que c'est la faute des parents s'il n'a pas fait ses devoirs, rendu à l'âge de 16 ans.
Cette situation est symptomatique de l'éternel débat: les professeurs mettent tout sur la faute des parents qui supposément éduquent mal leurs enfants, et les parents mettent tout sur le dos de l'école et des profs en disant que ceux-ci ne font plus la job qu'on attend d'eux. Pendant ce temps, le niveau académique des élèves baisse d'année en année et on ne sait plus quoi faire pour régler ce problème. Quoiqu'il en soit, la solution n'est sûrement pas de surcharger des enfants de six ans de devoirs, car ils auront bien raison d'être déjà écoeurés rendus au secondaire."