JEAN-LUC VÉZINA:
"Je ne connais pas Pasolini, mais il soulève en effet des questions intéressantes.
Pasolini a raison quand il soutient que la gauche est rarement portée par les ouvriers eux-mêmes. Il est toujours de bon ton, quand on fait partie de la petite bourgeoisie, de se prétendre de gauche. Ça fait peuple. Ça fait désintéressé. C'est ce qui donne naissance à l'insupportable gauche-caviar. La gauche des Jean-Daniel Lafond, des Luck Mervil et des Bono.
Cette même gauche à la John Saul qui défend le prolétariat en se promenant partout dans le monde sur son bras en s'empifrant de petits fours et de champagne avec les grands de ce monde.
Cette gauche des bons sentiments que l'on sur-affiche pour se donner de l'exposure ou pour vendre plus de disques, en espérant qu'un jour, des jeunes révolutionnaires manifestent en t-shirts sur lesquel notre visage sera imprimé.
C'est aussi cette gauche qui fait fureur dans les universités. Alors que la majorité des étudiants sont des fils et des filles de parents de classe supérieure élevée, ils s'approprient les concepts d'exploitation et de lutte des classes, élaborés à l'origine pour les pauvres ouvriers, pour s'en mettre un peu plus dans les poches. C'est aussi ce que font les cols bleus et les chauffeurs d'autobus, à mille lieux de l'exploitation des classes laborieuses. Et ça marche."