CLAUDE-ANNIE DUBÉ:
"Ben Johnson s'est bien fait retirer – dans les jours suivant sa victoire aux jeux Olympiques de Séoul en 1988 – son titre de champion mondial et de héros national. Alors si on établit un standard de ce genre (soit retirer toute médaille ou reconnaissance à quelqu'un qui a commis un acte criminel), j'imagine qu'il faut le faire pour tous.
Là où je décroche, c'est quand Monsieur Vastel se demande pourquoi Radio-Canada fait affaire avec Novem, alors que Novem est maintenant contrôlé, et ce, depuis un an et demi, par Véronique Cloutier. Ce n'est pas elle qui a abusé sexuellement d'une enfant, à ce que je sache!
S'il faut commencer à taper sur la tête des membres de la famille des abuseurs sexuels, nous ne sommes pas sortis du bois, parce que des abuseurs sexuels, il y en a en titi partout dans le monde. Et la majorité ont une famille.
Je me demande pourquoi personne ne parle de Pierre-Karl Péladeau et des déboires de sa sour avec la justice? Non, ce n'est pas lui qui vit ces déboires, direz-vous! Bien vu! Ce n'est pas Véronique Cloutier ni Novem non plus qui ont abusé sexuellement d'une enfant!"
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MATHIEU THOMPSON:
"De ce que j'ai pu comprendre, son abus de Nathalie Simard ne se limite pas aux abus sexuels qu'il lui a fait subir. Il a exploité son talent, ses finances, sa confiance, tous les aspects de sa vie autant professionnelle que personnelle. Ce sont ces raisons qui me pousse à vouloir qu'on lui retire son hommage.
C'est comme si on avait remis un prix à un chef d'entreprise pour ses exploits et son succès pour le marché de l'aviation et qu'on découvrait que ses usines fonctionnait grâce à l'esclavage et aux coups de fouet!"
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JOHANNE JOHNSON:
"Cloutier a été honoré par l'industrie en grande partie pour ses talents de gérant. Or, dans le cadre ses fonctions de gérant, il avait réduit à l'esclavage, financier et sexuel, une petite fille de dix ans! Bravo le bon gérant!
C'est comme si on avait donné le prix de la meilleure entreprise à un esclavagiste qui exploite des enfants dans ses usines ou dans ses champs et qui, en plus, les viole!
Burrough a reçu des prix pour ses talents d'écrivain, pas le prix du mari de l'année! S'il avait reçu le prix du mari de l'année, oui, il aurait fallu lui reprendre."
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PIERRE-MICHEL MORAIS-GODIN:
"L'impressario a bâti sa carrière sur le dos de Nathalie Simard et a reçu, quelques années plus tard, un prix pour l'ensemble de sa carrière. N'y a-t-il pas là quelque chose de dérrangeant? Il me semble que oui!
S'il avait été reconnu coupable d'agression sexuelle et d'abus sur une personne en dehors de son travail, son prix n'aurait alors pas été remis en cause. Mais dans le cas qui nous concerne, il a abusé financièrement, sexuellement, mentalement et physiquement de Madame Simard. Peut-on alors supposer que sa carrière est fondée sur les abus? Qu'il a démarré une carrière en volant les avoirs d'une pauvre gamine? Qu'il est devenu qui il est en contrôlant une famille tout entière?"
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CAROLINE RODGERS:
"Comment pouvez-vous comparer un imprésario à Louis-Ferdinand Céline?
Dans le cas d'écrivains ou de compositeurs, il convient de dissocier les oeuvres d'art qu'ils ont créées de leurs actes, car ces oeuvres ont une valeur intrinsèque. Elles viennent enrichir le patrimoine de l'humanité et survivront à leurs auteurs, peu importe ce que ceux-ci auront fait, elles deviennent en quelque sorte plus grandes que leur créateur et ne leur appartiennent plus vraiment. Elles appartiennent au monde et font vivre des expériences à ceux qui sont en contact avec elles. Mais qu'y a-t-il d'immortel dans une maison de production, qui mérite qu'on le dissocie de la conduite crapuleuse de son fondateur?
S'il fallait mesurer la valeur d'une oeuvre aux qualités morales de l'artiste qui l'a conçue, il ne resterait peut-être plus grand chose dans les musées. Lorsqu'on donne un prix à un Roman Polanski, c'est parce qu'on lui reconnaît un talent unique, celui qui lui a permis de faire des films extraordinaires.
Mais quelle est l'oeuvre de Guy Cloutier? Qu'a-t-il fait de grandiose à part une fortune gagnée en exploitant le talent des autres? Que lui survivra-t-il à part une business et un gros compte de banque? Où sont ses sculptures, ses peintures, ses films, les livres qu'il a écrits? Où est son talent à part celui de faire de l'argent? Est-ce cela que nous voulons retenir comme une contribution exemplaire, comme un modèle, comme un exemple à suivre? Le problème avec son trophée de l'ADISQ, ce n'est pas juste qu'il est un criminel, c'est que la contribution pour laquelle on le récompense est indissociable de ses actes, c'est que l'oeuvre pour laquelle il a reçu un prix est entièrement basés sur le mensonge, l'exploitation, la manipulation et la malhonnêteté.
Guy Cloutier n'a rien créé, il n'a fait de capitaliser sur le dos de personnes vulnérables et gérer une entreprise, tout en semant autour de lui la destruction."
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RICHARD LAPOINTE:
"Peut-être suis-je dans le champ? Mais on ne parle pas d'une même situation. Vous parlez de gens dont l'ouvre n'a rien à voir avec les évènements que vous citez.
Or, la carrière et l'apport de Cloutier dans le monde de la chanson et du spectacle sont directement liés au destin des artistes qu'il gérait.
Pour comparer la situation de Cloutier, je dirais qu'elle ressemble beaucoup plus à celle d'un criminel à qui on saisit tous ses biens parce qu'ils sont le fruit de la criminalité. Et c'est ce que sont les Félix à Guy Cloutier, le produit d'une criminalité odieuse et indécente."