YVES BOLDUC:
"Mais qu'est-ce qu'on voudrait au juste? Que les gens qui ont commis des crimes perdent tous leurs droits? Je sais que je vais détonner dans la mare de boue dans laquelle on se vautre dans des affaires comme celles de Cloutier, Homolka ou Hilton. Après toutes les montées de lait entendues ces derniers jours sur l'ingnominie d'un homme jugé, condamné, enfermé et bientôt libéré, je vais paraître pas rap.
Les détenus ont commis des crimes, on les a jugés, condamnés et sentencés. C'est vrai que c'est pas beau, ce qu'ils ont fait. C'est souvent même répugnant. Mais bordel, quand-est que ça finit? Ils font leur temps et quand ils sortent, on voudrait qu'ils soient encore punis! Parce que les sentences ne sont jamais assez longues au goût du public. Alors on veut qu'elles continuent en dehors des murs des prisons. Que le coupable en bave encore et toujours, qu'il n'y ait jamais de pardon, que la vengeance collective dure éternellement.
Mais c'est quoi le sens de tout ça? Branchez-vous calvaire! Notre système de justice est fondé sur la répression du crime. Tout acte répréhensible doit être puni par la cour qui après avoir prouvé la culpabilité de celui qui l'a commis, ordonne l'exécution d'une sentence. Le coupable est détenu un certain temps, en fonction de la gravité du crime, et puis quand il a fait son temps, on le relâche. On dit qu'il a payé sa dette envers la société.
La très grande majorité des détenus qui passent par nos prisons n'y retourneront jamais. C'est donc que leur séjour en dedans a servi à quelque chose. Et c'est peut être en gossant des bidules ou en peinturelurant quelques croutes qu'ils ont trouvé un autre sens à leur vie. Devrait-on les empêcher de créer si ça leur fait du bien? Et si ce qu'ils font est assez bon pour qu'on veuille en acheter, je vois pas le problème. Surtout si on applique le principe qu'un détenu a le droit de travailler et de gagner un certain montant d'argent (pour sa cantine, etc.).
Alors si les bidules valent très cher, on donne au détenu le montant permis et on garde le reste pour investir dans le système correctionnel. Et quand il sort, si ses bidules valent encore très cher, hé bien il sera pas tout nu en sortant et il aura de meilleures chances de se réhabiliter."